"les plus religieux des hommes"

En couverture, statue d'Apollon(détail). Musée de la Villa Giulia.

Plaque Campana (VIè s.av.J.C. Musée du Louvre.

Ouvrage de deux étruscologues contemporains : Francoise Gaultier et Dominique Briquel.

" ...les plus religieux des hommes" ? C'est ainsi que Tite-Live ( Histoires, V, I, 6) qualifie les Etrusques.

Le rapport au mystère des hommes de tous les temps et donc aussi de notre temps, se trouve à nouveau posé.

Bien avant nos deux étruscologues précités, il faut rappeler la quête et l'activité scientifique de Jacques Heurgon et de Raymond Bloch qui se sont exercées dans ce domaine.

Grâce aux Actes du colloque international relatés dans cet ouvrage, nous nous rendons mieux compte que la religion des Etrusques n'était pas originale mais au contraire en relation étroite avec celle des Grecs et celle des peuples italique et oriental.

Il faut rendre à César...Oui, certes, mais voilà qui est bien dommage ! Car personnellement, je m'étais attachée à la "bulle de mystère" que constituait cette religiosité étrusque si séduisante et si fataliste ( les Etrusques ont tout de même prédit leur destin : seulement dix siècles d'existence ! Comment expliquez-vous cela, messieurs les scientifiques ?). Et puis la marche inexorable des destins, l'omniprésence des dieux, les haruspices, les merveilleux monstres qui illustrent tant de céramiques, la disciplina etrusca, les libri rituales, la foudre qui s'abat sur la Louve romaine et détruit les Jumeaux qu'elle allaitait... Relisons donc le De Divinatione de Ciceron (et pourquoi pas le De Natura Rerum de Lucrèce ) :

quand bien même il aurait tort, je continue à soutenir la thèse de Quintus....Oui, je me fais l'avocat du diable....( ou des dieux étrusques..!) car l'imagination prévaut toujours sur le rationnel et ne fait souvent que l'anticiper... Mais c'est un autre problème, revenons à notre propos initial. Les Etrusques étaient donc un peuple religieux: en quoi consistait cette religiosité ?

Elle n'est pas simple à définir...Je dirai même qu'il existe toute une problématique à ce sujet.

Les sources existent bien et ont été classées suivant qu'elles sont étrusques ou non et selon qu'il s'agit de textes ou de vestiges archéologiques.

Les textes étrusques.

Ils existent mais nous ne sommes toujours pas en mesure d'en maîtriser l'interprétation car si nous lisons la langue, nous ne la comprenons pas, nous n'avons pas de contexte.

Un abondant corpus de brèves dédicaces ou d'inscriptions funéraires, des calendriers, des rituels servent de base.

Des textes plus longs que nous connaissons depuis longtemps comme celui des bandelettes de la momie de Zagreb ( bandes de lin enveloppant une momie égyptienne), la tuile de Capoue, le plomb de Magliano, le ruban de plomb de Santa Marinella...restent encore aujourd'hui de véritables casse-tête. Nous en reparlerons en abordant les problèmes plus spécifiques de la langue.

Les textes non étrusques (latins, grecs ou byzantins).

Nous avons des traductions latines de livres religieux étrusques par des Etrusques bilingues( au Ier s. av. J.C.). Elles sont évidemment sujettes à caution et surtout, elles sont "romanisées", extérieures à la mentalité étrusque.

Les vestiges archéologiques.

Alors là, ils sont nombreux, divers et variés !

Multitude de tombes avec un matériel de statuaire, peintures, vases, urnes, reliefs, mobiliers, sarcophages, miroirs, gemmes, outils, ustensiles, fresques, etc. )

Sites de sanctuaires, de temples, de chapelles, de grottes.

Tentative de classification pour éclairer l'état primitif et l'évolution de cet "esprit religieux".

Je me réfère maintenant à Alain Hus : Les Etrusques et leur destin. (Picard, 1980.)

PAUSE, donc A SUIVRE...