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A la recherche des Etrusques...
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D.H.Lawrence et ses Croquis Etrusques...

D.H.Lawrence et ses Croquis Etrusques...

Quel plaisir de parcourir ainsi le territoire toscan qui offre tant de richesses souterraines révélatrices d'une civilisation disparue de moins en moins mystérieuse et de plus en plus attachante au fil des découvertes en dépit des exactions des tombaroli ou de l'usure des temps.

Mais nous sommes loin d'en avoir terminé avec la nécropole de Monterozzi et notre promenade à travers cet immense cimetière dans lequel nous n'avons exploré que quelques tombes nous laisse sur notre faim...De toute façon, nous ne pourrons jamais visiter toutes ces tombes et nous ne serons jamais rassasiés par cette merveilleuse imagerie étrusque qui continue de nous faire rêver.

En observant certains détails de ces fresques, je pense le plus souvent avec émotion aux commentaires qu'en faisait LAWRENCE dans Croquis Etrusques, après un séjour de deux semaines en Toscane.

Il était malade et c'était un de ces derniers voyages. Cette descente dans les chambres funéraires visitées presque en urgence, il la pensait régénératrice, lui qui avait tant lu d'ouvrages sur l'art étrusque...Mais il était alors épuisé par les conditions pénibles de ses déplacements, par le froid des tombes aux accès ardus...Un calvaire pour ce fervent touriste en pélerinage !

Lire sa biographie :https://fr.wikipedia.org/wiki/D._H._Lawrence

David Herbert LAWRENCE.(1885-1930)

David Herbert LAWRENCE.(1885-1930)

Croquis Etrusques. Trad. de J.B.de Seynes. Le Bruit du temps 2010.

Croquis Etrusques. Trad. de J.B.de Seynes. Le Bruit du temps 2010.

Il finit pourtant par découvrir ce qui n'avait cessé de lui échapper au cours de ses voyages :

" une société dont les membres lui offrent la spontanéité, le naturel, la vivacité...et surtout une vitalité que l'homme moderne a depuis bien longtemps perdus." (Préface de Gabriel Levin )

Quelques précisions biographiques :

En 1926, il décide de visiter l'Etrurie et commence par Pérouse. Il se documente sur l'histoire étrusque en lisant Mommsen, Weege, Ducati,

Il séjourne dans la villa Mirenda de 1926 à1928, près de Florence.

En 1927, il écrit Flowery Tuscany ( I-III), visite à Rome la Villa Giulia avec son ami Earl Brewster Puis les sites de Cerveteri, Tarquinia, Vulci, Volterra. Il commence la rédaction de Croquis de voyages dans des lieux étrusques. Il complète Flowery Tuscani (IV) tout en rassemblant ses photos, précisant sa documentation.

Il écrit des essais sur Tarquinia I et II, sur Vulci et Cerveteri, le musée de Florence qui paraîtront en 1928 dans World Today. En 1929, il a le projet d'écrire d'autres Croquis étrusques mais il y renonce. Il voulait aussi explorer Arezzo, Cortonne, Orvieto, Norchia, Bedia mais son livre restera inachevé Il meurt à Vence en 1930.

Il disait " Ce que l'on cherche, c'est un contact. Les Etrusques ne sont ni une théorie ni une thèse. Ils sont, d'abord et avant tout, une expérience."

Je partage tout à fait ce point de vue mais je vous livre aussi celui d'un étruscologue confirmé :  Rannuncio Bianchi Bandinelli (décédé en 1975) qui écrit dans Les Etrusques et l'Italie avant Rome (collection Univers des Formes p.131) :

" Le célèbre écrivain anglais D.H.Lawrence est responsable pour sa part d'une interprétation "vitaliste" de la civilisation étrusque, dont le peu de fondement historique n'enlève rien à la beauté littéraire. Ses pages restent une fantaisie littéraire qui peut séduire mais qui n'a pas sa place ici (...) Nous avons donc une position de critique historique, à l'inverse de celui qui regarde une oeuvre étrusque seulement pour l'intégrer à son musée imaginaire personnel, pour percevoir et décrire les sensations qu'elle nous apporte, nous modernes. Nous ne voulons pas ignorer la signification de l'oeuvre dans son contexte artistique, ni la part de métier qui y entre, ni la sensibilité personnelle de son auteur, tout en laissant de côté le rapport absolu entre l'homme, la réalité et l'imagination. Nous chercherons donc à comprendre en partant de l'observation des faits." 

Voilà qui est très clair de la part d'un spécialiste. Mais personnellement, je revendique le droit comme pour tout un chacun, de porter un jugement différent sur certains aspects de la civilisation étrusque. Je ne souscrirai pas à ce point de vue qui caractérise encore aujourd'hui une prétendue autorité universitaire et je ne sacrifierai pas mon "musée imaginaire" pour suivre aveuglément des opinions qui d'ailleurs, au fil du temps, se sont révélées souvent erronées.