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A la recherche des Etrusques...
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Découvertes à Kainua

Découvertes à Kainua

Reconstitution virtuelle de Kainua...

Reconstitution virtuelle de Kainua...

Les Etrusques revivent à Marzabotto; inscription : kainua

Les Etrusques revivent à Marzabotto; inscription : kainua

          Au musée national étrusque Pompeo Aria Kainua de Marzabotto, on peut voir des plans, des maquettes et une reconstitution virtuelle de l'antique cité (voir l'article précédent du 19 janvier 2018).

On découvre aussi quelques pièces artistiques intéressantes mais assez surprenantes :  par exemple ce couvercle de pyxide (boîte) circulaire en ivoire... 

 

Couvercle rond d'une pyxide en ivoire et sa reconstitution graphique (620-680 av J.C.). Photo du musée Pompeo Aria de Marzabotto.

 

    La reconstitution graphique de la sculpture permet de distinguer des chevaux, des lions et des personnages étroitement mêlés et serrés autour d'un char attelé et mené par un conducteur difficilement perceptible. On pense à un défilé, à une parade de prestige, au retour d'une chasse mais la scène représentée est complexe et mérite donc de plus amples explications.

Ce couvercle de haute facture en ivoire sculpté viendrait de la région de Florence ou de Chiusi et serait daté (entre 620 et 580 av. J.C.). Il serait donc un produit d'importation plus ancien d'un siècle que les artéfacts de Kainua. 

L'identification de cette pièce n'est pas sûre mais je rapproche ce couvercle (dont le diamètre n'est pas précisé) de la pyxide en ivoire (de la collection Castellani du musée du Louvre) provenant, elle aussi de Chiusi (nécropole de Fonte Rotella), datée de la fin du VIIè et début du VIè s. av J.C. (diamètre : 7.4 cm). Et si c'était le couvercle de cette pyxide ?

Pyxide en ivoire provenant de Chiusi (VIIè-VIè s. av. J.C.), H : 8.1 cm, diam. :7.4 cm. Musée du Louvre. Phot. L'Art Etrusque, Louvre Editions, 2013.

En tout cas, le liseré décoratif "en cordonnet" de cette pyxide correspond à celui de la base du couvercle de Kainua...Le motif du premier registre montre un défilé orientalisant de sphinx et de lions passants...celui du second registre décrit la poursuite d'un cerf par un homme nu à cheval : c'est une chasse !  Intéressant, non ?  

Conclusion :  reste à savoir si le couvercle s'adapte à la boîte ! 

Une autre pièce intéressante

 

       Cette tête en marbre de Paros correspondant à une statue haute d'un peu plus d'un mètre, un "kouros", faisant office d'offrant peut-être, a été découverte récemment près des vestiges d'un temple mis à jour par G. Sassatelli (Université de Bologne et Surintendance d'Emilie-Romagne).

Le sourire archaïque ionien et la coiffure en courtes boucles permettent de le dater de la fin du VIè s. av. J.C.

Est-ce une production grecque ou celle d'un artisan local initié ? Des fouilles sont encore en cours mais elles ont déjà permis de constater que l'aire sacrée de l'Acropole de Misanello (comportant les traces de 3 temples), s'étendait aussi vers la zone urbaine.

Les vestiges d'un nouveau temple dédié à TINIA (le Zeus étrusque) montre que les Etrusques de cette époque tenaient à être proches de leurs dieux, même en ville (comme nos églises ou autres lieux de cultes implantés au coeur de nos cités...).

Cf  .http://www.mondedelabible.com/le-site-de-marzabotto-eclaire-la-religion-etrusque/

En voici une reconstitution virtuelle: 

Reconstitution virtuelle du temple de Tinia à Kainua (phot. Dossier d'archéologie n° 322, 2007.

  

      J'ajoute que les fouilles récentes de l'été 2017 ont révélé l'existence d'un autre temple dédié cette fois à UNI (Juno/Hera). 

Il faut maintenant patienter pour avoir de plus amples informations sur cette découverte trop récente. Nous aurons d'ailleurs l'occasion de revenir sur les thèmes de l'urbanisme et de l'architecture étrusques.

Mais venons-en à une autre pièce de ce musée : la "Dame de Marzabotto".

 

     Découverte pendant les fouilles de 2002 à 2005, cette superbe figurine en bronze, ancrée sur une base de travertin est parfaitement conservée  (H : 30 cm).

 L'élégance de la statuette provient du plissé qui semble envelopper le corps de la tête aux pieds. S'y ajoutent les gestes de délicatesse des mains : l'une relève le long chiton aux plis ondulés et l'autre tient un bouton de lotus entre deux doigts, dans un geste d'offrande. On peut alors l'identifier comme étant une représentation de la déesse TURAN (l'Aphrodite étrusque). Elle est chaussée de calcei repandi . Malgré cela, l'influence grecque est manifeste.

Une information qui concernait le 1er mai 2017 :

 

Attention, il s'agissait du 1er mai 2017 !

La statuette en question se rapproche dans sa gestuelle d'une autre "Turan" du musée, plus ancrée localement avec son tutulus et les épaulettes renforcées... 

Figurine votive (Turan ?), Musée national étrusque Pompeio Aria, Marzabotto

 

On pense aussi à celle du musée du Louvre, de la même époque (VIè s. av. J.C.), presque de la même taille (20 cm), portant tutulus, calcei repandi, bijoux et une robe qui moule ses formes très féminines. 

Turan en bronze du musée du Louvre (VIè s. av. J.C.) H : 20 cm.

 

Celle qu'on a appelé la "Dame de Marzabotto" n'a pas encore livré tous ses secrets mais de l'himation à la tebenne, des sandales aux calcei repandi, elle est profondément originale et proclame l'altérité et l'autonomie culturelle de la ville de Kainua face à l'influence grecque omniprésente.

          Ce qui caractérise enfin cette cité d'Etrurie padane est l'étrange présence d'un gros oeuf en pierre posé sur la plupart des tombes des nécropoles (au nord et à l'est); sans doute un cippe funéraire symbolisant une renaissance espérée dans l'au-delà (?)....

Cippes ovoïdes sur les tombes de la nécropole-est de KainuaCippes ovoïdes sur les tombes de la nécropole-est de Kainua

Cippes ovoïdes sur les tombes de la nécropole-est de Kainua