Les hypogées gentilices(2)

En Ombrie, près de Pérouse, à Ponte San Giovanni, se trouve la zone archéologique du PALAZZONE.

Il Palazzo, c'est le Grand Palais, la villa des Baglioni, anciens propriétaires des terrains où fut découverte en 1800 une importante nécropole fouillée depuis 1963. On y a trouvé environ 200 tombes rupestres (a camera et dromos) datant de la période archaïque mais en majorité hellénistique.

En 1840, lors de travaux sur la via Assisana qui relie Ponte San Giovanni à Pérouse, fut découvert l'hypogée des VOLUMNI, daté du IIIè s.av. J.C., et appartenant à une puissante famille étrusque qui l'utilisera jusqu'au Ier s.av.J.C., même après avoir reçu la citoyenneté romaine ! L'urne funéraire de Larth Velimna (vers 150-125 av.J.C.) porte d'ailleurs une inscription en latin...

Ce tombeau est donc celui de toute la famille d'ARUNTE VOLUMNIO ( arnth velimna aules en étrusque), c'est-à-dire de la gens volumnia, ancienne famille patricienne romaine.

L'hypogée des VOLUMNI

Pour voir d'autres aperçus :

https://commons.wikimedia.org/wiki/Category:Ipogeo_dei_Volumni_(Perugia)?uselang=fr#/media/File:Hypog%C3%A9e_des_Volumni_0.jpg

Ces aperçus nous montrent le petit musée où sont exposés les mobilers funéraires des tombes du Palazzone, une surface triangulaire au-dessus de l'entrée, décorée d'un bouclier entre deux dauphins en relief, des figures féminines, un cippe phallique.

         On accède à cette tombe par un long couloir à gradins (dromos) qui descend sous le niveau du sol puis à l'hypogée par un vestibule qui ouvre sur 4 petites chambres latérales et 3 plus grandes. Dans l'une se trouvent les 7 urnes cinéraires principales contenant les restes des membres de la famille. Le plafond est superbe, animé par une grande tête de gorgone impressionnante, placée là pour éloigner les intrus !

       L'urne de Arnth est en marbre, surmontée par un triclinium décoré de draps où il est représenté allongé, tenant une coupe dans la main gauche, accoudé sur deux confortables coussins. Plus bas deux génies funéraires ailés en symétrie tenant un flambeau. Entre les deux génies, un espace, sans doute une porte de l'au-delà dont la peinture est très abîmée. Les inscriptions sur la partie inférieure des sarcophages sont en étrusque et en latin :

"pup. velimna. au. caphatial"     "

.Le mobilier funéraire se trouve dans un petit musée de l'entrée avec celui d'autres tombes du Palazzone.

Plan et aperçu du plafond de la tombe des Volumni.(photos dans Cités Etrusques. Elsevier Sequoîa.) 1975)

Le plan de la tombe à gauche montre bien la symétrie parfaite des chambres de chaque côté du vestibule (c'est remarquable, on croirait un dessin aztèque !). A droite, le plafond de la chambre centrale imite les structures d'un plafond réel à double pente.

On aperçoit sur un fronton triangulaire au-dessus de l'entrée, un grand bouclier entre deux épées et deux bustes masculins.

Complétons cette courte présentation par cette video du site de Canino. info (en italien) :

Video sur le site de Canino. info en italien.

Ne quittons pas trop vite Pérouse avant de visiter dans ses environs, deux autres hypogées intéressants.

L'HYPOGEE DE SAN MANNO.

Toujours dans les environs de Pérouse, à Ferro di Cavallo, cet hypogée du IIIè s. av. J.C. sert de crypte à une église médiévale ayant appartenu aux Chevaliers de Malte;

C'est une tombe a camera en ogive, en blocs de tuf. Dans les parois latérales s'ouvrent deux salles voûtées ; sur l'arche d' accès de celle qui contient des urnes funéraires (posées sur des petits bancs), se trouve une inscription étrusque ( 3 lignes de différentes longueurs) qui précise que le tombeau a été construit par AULE et LARTH, de la famille PRECU.

Intérieur de l'hypogée San Manno. (Photo dans Cités Etrusques. Elsevier Séquoïa. 1975)

L'hypogée est en excellent état mais vraiment désert...On pense encore aux propos de D.H. Lawrence qui regrette ce vide et conteste le regroupement du mobilier funéraire dans le musée...( voir notre article du 5 mars 2016 sur l'hypogée INGHIRAMI dans Les hypogées gentilices (1) ). Certes, on lui donne raison. Il faut pourtant reconnaître que le regroupement des urnes et des mobilers funéraires au musée archéologique de Pérouse, permet de visu d'établir des comparaisons ou des liens avec ceux de Chiusi et de Volterra. On perçoit mieux ainsi l'originalité du style pérugin.

L'hypogée de la villa Sperandio ( IIè s.av. J.C.)

Trouvé en 1900, dans l'aire archéologique du Palazzone, à 5 mètres de profondeur.

C'est une chambre voûtée creusée dans le tuf avec un sarcophage qui contenait le squelette d'une femme et ses objets personnels : une vaisselle en bronze, un beau miroir gravé (génie ailée et Adonis) au manche en os décoré de deux personnages ailés.

Cette femme très riche portait des boucles d'oreilles en or, un diadème en lames d'or,(avec feuilles lancéolées et travaillées en relief)

Tous ces objets sont donc au musée archéologique de Pérouse qui présente par ailleurs le mobiler funéraire de l'ensemble des tombes et hypogées de la riche zone archéologique du Palazzone...A visiter !