L'expansion du monde étrusque en Campanie

Faisant suite à notre article du 28 cécembre 2017 sur l'expansion du monde étrusque en plaine padane, vers le nord de l'Italie (1. Felzna, 2. Spina, 3. Kainua), voyons maintenant comment les Etrusques poussent vers le sud et s'installent en Campanie.

Un peu d'Histoire...

Quand ils arrivent dans les vastes plaines fertiles de la Campanie vers le VIIè s. av. J.C., les Etrusques ont trouvé les populations indigènes des Osques et les colons grecs installés depuis longtemps et fondateurs de Capoue (<Capys, grand-père d'Enée).

Le site de cette grande cité était stratégique entre les Apennins, le fleuve Volturno et la mer Tyrrhénnienne. Ils contribuèrent d'ailleurs à son essor commercial et s'y imposèrent. Mais la proximité de Cumes, autre colonie grecque importante par son port, laissait entrevoir de futures rivalités inévitables. En effet, d'abord intéressés par les terres campaniennes, les Etrusques convoitaient aussi la zone côtière pour leur commerce maritime vers le Sud (vers la Sicile et Carthage...). Ils s'installeront par exemple à Pompéi, à Stabies, à Herculanum, à Nocera, à Nola, Suessula, Acerra. Nous reviendrons sur certaines de ces cités, celles qui portent encore l'empreinte étrusque.

Mais nous touchons là aux limites méridionales de l'expansion étrusque, terres de conflits où s'écrit l'histoire et s'amorce le destin funeste de ce peuple commercialement entreprenant mais politiquement vulnérable...

Bien que ce soit tout à fait passionnant et édifiant, nous ne pouvons relater ici tous les aléas de l'installation et de l'éviction progressive de la koiné étrusque en Campanie, voire même de son éventuelle infiltration dans les territoires de la Grande Grèce...Il nous faut donc précipiter les évènements (qui restent d'ailleurs encore biens incertains) et en arriver à des avatars historiques déterminant pour son expansion.

Les Etrusques en Campanie

Alors que leurs cités étaient parvenues à dominer le commerce maritime méridional, les Etrusques se retrouvent face à leurs concurrents, devenus des ennemis : les Latins, les Volsques, les Samnites sur terre, les Grecs de Cumes et les Syracusains en mer.

En 423 av. J.C, les Samnites prennent Capoue.

En 474 av. J.C., les Etrusques tentent pour la seconde fois de détruire la forteresse de Cumes. Ils se trouvent ensuite dans la baie de Naples face à la flotte ennemie et subissent une défaite sévère et capitale à l'origine d'abord de l'effondrement rapide de leur puissance économique puis d'une baisse conséquente de leur activité commerciale.

Rappelons les faits exposés par Diodore de Sicile:

"Cette année-là, le basileus de Syracuse Hiéron reçut les ambassadeurs de Cumes en Italie, venus lui demander de l'aide dans la guerre que leur faisaient les Tyrrhéniens qui avaient alors la maîtrise de la mer, et il leur envoya pour les secourir une importante escadre de trières. Après que les chefs de cette flotte furent arrivés à Cumes, ils livrèrent, aidés par les gens du pays, un combat naval aux Tyrrhéniens, détruisirent beaucoup de navires ennemis et, vainqueurs dans ce grand combat, affaiblirent la puissance des Tyrrhéniens et délivrèrent les habitants de leurs craintes."

On peut se demander où étaient et ce que faisaient alors les Carthaginois, fidèles alliés des Etrusques. Pourquoi ne sont-ils pas intervenus ? C'était pourtant l'occasion pour eux de se venger des Syracusains qui leur avaient infliger la défaite d'Himère (à l'est de Palerme) en 480 ! A cette époque (donc 6 ans plus tôt) les Etrusques les avaient aidés et ils avaient navigué de conserve ! L'alliance etrusco-phénicienne passait alors pour exemplaire ...

Méditons sur ce triste constat...

Quoi qu'il en soit, force est de constater que l'Etrurie de Campanie, privée de liaisons terrestres par les peuples italiques se retrouve isolée de l'Etrurie du nord. C'est la perte de leur trafic commercial mais aussi la fin de leur prestige maritime...

Les Etrusques n'en avaient pas fini avec les Syracusains : le tyran Denys l'Ancien s'attaquera en 384 au sanctuaire de Pyrgi et en pillera toutes les richesses ! (voir notre article du 17 mars 2017)... Mais il nous faut revenir sur les traces des Etrusques en Campanie...

A SUIVRE