Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
A la recherche des Etrusques...
A la recherche des Etrusques...
Menu
La danse et la musique

La danse et la musique

         L'éducation grecque plaçait au premier rang de ses programmes "la lyre, la danse légère et le chant".

Le mythe d'Orphée raconte comment il enchantait les animaux, les rochers et même les dieux grâce au son de sa lyre. De légendaires citharèdes et aulètes, Orphée donc mais aussi Linus, Amphion, Marsyias, étaient capables d'élever les remparts des villes et de rendre les créatures monstrueuses inoffensives par la seule puissance de la musique.

        Les Etrusques étaient les élèves des Grecs mais ils ont étendu l'empire de la musique à des domaines où elle n'avait jamais pénétré. C'est ainsi qu'ils pratiquaient le pugilat ou la boxe, fouettaient les esclaves récalcitrants, préparaient la cuisine, partaient en guerre ou organisaient les chasses, au son de la flûte ! Les cors et les trompettes rabattaient le gibier dans les filets par la puissance magique de la musique...

        On verra que les Etrusques, élèves des Grecs, seront à leur tour les maîtres des Romains en matière de musique et de danse.

Mais d'abord, danse et musique pour conjurer la mort...

Tombe des Vases Peints à Tarquinia (Vè s. av. J.C.). Très endommagée. Reconstitution en dessins aquarellés de Morani et Marozzi en 1899. Des danses dans un décor floral agrémenté de guirlandes et de couronnes...

Un danseur nu dans une scène de prothesis (exposition du mort) devant des pleureurs...

 Deux photos en grisé : La tombe du Mort (VIè s. av. J.C.) à Calvario. Phot. Canino info. 2005

Fresque de la tombe du Triclinium reconstituée dans le Musée National de Tarquinia.

    Observons les mouvements, la gestuelle des danseurs...:  position des bras inversée et jambe gauche levée pour le danseur en himation; bras droit tendu et bras gauche en arc au-dessus de la tête renversée pour la danseuse; la jambe gauche au pied ouvert et tendu vers l'extérieur...

La gestuelle sensuelle et délirante de l'exécutante exprime parfaitement son ravissement : elle s'abandonne à une sorte d'ivresse, une "extasis"...

 Beaucoup de contorsions et de maniérisme pour une danse très expressive.

   

 

 

 

 

Une joueuse de lyre sur une plaque en terre cuite garnissant une  paroi de tombe (Vè s. av. J.C.), Museum of Fine Arts, Boston

Dans un décor floral, la musicienne s'avance, tenant sa lyre à sept cordes qu'elle gratte de son plectre.

 Sa robe très souple s'enrichit de plis en godets jusqu'à mi-chevilles, animée par les trois pans de tissus aux motifs colorés qui se soulèvent au rythme de sa marche. Ses pieds sont nus dans des sandales à lanières de cuir. 

Lyre et cithare sont des instruments à cordes pincées ou grattées à l'aide d'un plectre (en os, en ivoire ou en buis)

Catalogue des copies de peintures de tombes étrusques du Ny Carlsberg Glyptotek, Copenhague 1991.

Grâce à ce très beau dessin aquarellé d'Alessandro Morani, copiste d'art (1859-1941) exécuté en 1898, voici que réapparaît un citharède de la tombe des Leopardi dans son décor floral...Il tient le cleptre dans sa main droite.

Apparition d'une fraîcheur inouïe !

 

  Dans le merveilleux jardin de la tombe du Triclinium à Tarquinia, nous connaissons bien ce beau joueur de lyre qui accompagne une danseuse...

Il gratte les cordes du bas( les plus aiguës) de son plectre et effleure des doigts les cordes les plus graves...

Carlo Ruspi en avait fait une copie...(à gauche)

 

 

Joueur de flûte aux oiseaux dans la tombe du Triclinium, émouvant de grâce, nu sous son himation transparent...

Il souffle dans l'aulos  (double flûte)

L'aulète est omniprésent dans les banquets funéraires...

 

 

 

 

 

 

 

      

Relief du musée étrusque de Chianciano Terme (IVè s. av. J.C)

 

Le son de la flûte étrusque grâce à Walter Maioli...

           Les musiciens et musiciennes sont d'abord apparus sur les fresques des tombes en animateurs des banquets et de jeux funéraires mais leur rôle ne se limitait à cette seule activité. 

La musique étrusque était rarement aléatoire. Elle n'était pas libérale comme en Grèce et assumait une véritable fonction sociale. Elle était complexe, très variée et surtout spécialisée, au service du divertissement, des besoins religieux ou rituels et même politiques ou militaires. Nous avons déjà évoqué les différents domaines où elle apparaissait, exactement comme la danse d'ailleurs. En outre, les musiciens étaient le plus souvent des professionnels faisant partie d'une troupe attachée à des magistrats, à des prêtres qui avaient leur musique, insigne de leur pouvoir, de leur rang.

Si l'on prend l'exemple de la flûte, instrument le plus prisé des Etrusques, il faudra distinguer l'aulos ou flûte double (à deux tubes cylindriques droits en roseau ou aulos conique au bout évasé)  jouée par le subulos ou suplu) ; la flûte de pan (à plusieurs tubes inégaux) ou syrinx, le plagiaulos (flûte horizontale)...

 Joueur d'aulos conique de la tombe des Léopards à Tarquinia

 

 

La réputation des aulètes étrusques a conquis le monde de l'Antiquité...

 

   Je ne résiste pas au plaisir de présenter cette toile de Gérard Fromanger, peintre étruscophile installé à Sienne...

"Chant". Série : "Allegro". Huile sur toile 200x150. Siena 1982.

 

 

 

 

Musiciens sur un bas relief avec lyre ou cithare et flûte de Pan

             Joueur d'aulos conique (à 6 ou 7 trous) pour un                 divertissement de banquet funéraire dans la tombe du Triclinium d'après une copie de Carlo Ruspi.

 

       

 

 

 

 

Cippe de Chiusi (Vè s. av. J.C.) avec aulète et danseurs...

Pelike (vase à vin) du Vè s. av. J.C.

 

 

 

 

De la boxe en musique !

Un aulète accompagne deux athlètes portant des cestes (gants de boxe)

Certains instruments n'apparaissent pas dans l'iconographie funéraire tels la trompette, le lituus, le cor, le cornu. Ceux-ci sont plutôt rattachés au domaine militaire. 

 

 

On les voit figurer dans ce cortège triomphal sur une plaque décorative en terre cuite du VIè s. av. J.C. en provenance de la tombe Bruschi (Tarquinia) à l'Ashmolean Museum d'Oxford.

Le lituus (qu'on ne confondra pas avec celui de l'emblème du pouvoir religieux de l'haruspice) produisait un son effrayant; il annonçait les guerres, les razzias de pirates... Il servait aussi à transmettre les ordres militaires.

Deux joueurs de lituus lors d'un accident de char..

Sur l'épaule d'une amphore du Peintre de Berlin

 

Le lituus était en cuivre ou en fer et pouvait mesurer environ 140 cm...

   

 

 

Joueur de cor conduisant un assaut d'hoplites

 

Lire : Musiques et musiciens étrusques de Jean-René Jannot :

http://www.persee.fr/doc/crai_0065-0536_1988_num_132_2_14609

(Les 3 dernières illustrations en noir et blanc figurent dans son article de 1988)

Musiciens dirigés par un magistrat (cor et lituus)

Reconstitution d'une fresque de la tombe des HESCANAS (près d'Orvieto)

Musée Terni à Orvieto

Musiciens de la tombe des Boucliers (Aquarelle de Morani, 1910)

Dans la tombe des Boucliers à Tarquinia (IVè s.av.J.C), la reconstitution aquarellée d'Alessandro Morani fait apparaître deux musiciens jouant du lituus et du cor.

Deux joueurs de cor accompagnant deux licteurs (magistrats portant les faisceaux de verges sur l'épaule)

Reconstitution d'après une sculpture sur une urne funéraire de Volterra.

Illustration p 247, La vie quotidienne chez les Etrusques de Jacques Heurgon, 1961

 

 

 

 

 

 

 

 

A SUIVRE