Le chasseur à cheval poursuit deux jeunes cervidés au pelage moucheté (dessin précis, habile). Avec le sanglier, le cerf figure parmi les espèces les plus documentées par les analyses de restes d'animaux retrouvés dans les habitats d'époque orientalisante. On le chassait avec des haches au long manche recourbé. (cf. photo : Les Etrusques, Guide des Arts, 2010, Locatelli et Rossi, p 137.)
Un groupe de jeunes gens rentre de la chasse : les proies (deux lièvres) sont suspendues sur l'épaule du personnage de gauche. La scène représentée, d'inspiration ionique est typique du répertoire iconographique de la classe aristocratique. Elle est très animée : bras levés, chiens regardant leurs maîtres participant à la joie de ce retour fructueux... on les entend presque aboyer ! (Cf. photo : Les Etrusques, p 136, mêmes références)
Une chasse au cerf, un divertissement d'aristocrate...Jambes, pattes, bras sont entremêlés pour une tentative d'mmobilisation en force de l'animal...Une superbe réalisation sur plaquette en ivoire...
Certaines peintures de tombes célèbres de Tarquinia évoquent des scènes de chasse :
La tombe du Chasseur (del Cacciatore) Vè s. av. J.C.
Elle montre une reconstitution de l'intérieur d'une tente : un véritable pavillon de chasse avec une structure en bois. Une bande décorée de cerfs, de chiens, de chevaux...
Toile de tente de chasse de la tombe du Chasseur tenue par des piquets en bois (Vè s. av. J.C.) Illustration dans "Les Etrusques et l'Italie avant Rome" de Ranuccio Bianchi Bandinelli et Antonio Giuliano, 1973.
On sait en effet que les forêts et les maquis regorgeaient d'un gibier abondant et varié. On connaît aussi les noms étrusques de quelques oiseaux : l'épervier arac, l'aigle antar, le faucon capu...
La Tombe de la chasse et de la pêche (VIè s. av. J.C.)
Elle présente toutes sorte d'intérêts mais nous en retiendrons essentiellement l'aspect documentaire : le chasseur à la fronde et le pêcheur dans sa barque. C'est la seule tombe de Tarquinia qui présente les activités de chasse et de pêche d'une façon aussi vivante, naturelle et presque poétique...
Il est vrai que ces activités sont pratiquées ici comme un divertissement de jeune aristocrate et non comme un sport; peut-être étaient-elles d'ailleurs celles préférées du défunt...
Un jeune homme tire à la fronde du haut d'un rocher sur une envolée d'oiseaux. En contrebas, une barque avec quatre personnages (plus petits) : l'un, penché à l'avant a plongé sa ligne dans les flots où virevolte un joyeux dauphin; un autre , debout derrière lui se tourne vers l'arrière où sont assis les deux autres : l'un fait des signes au chasseur, l'autre rame...ou tient un gouvernail.
Une scène très animée, très fraîche, très colorée ! (malheureusement aujourd'hui très dégradée...)
Deux décors sur céramiques provenant d'Italie du sud :
La pêche avait un rôle important dans l'alimentation étrusque à en croire les restes de poissons de bonne taille découverts; le ramassage des patelles, les moules, les coquilles St Jacques, les palourdes, sont spécifiés dans les textes d'Elien (originaire de Préneste-Palestrina 175-235 ap. J.C.) et de Strabon (63-23 av. J.C.) : ils parlent de la pêche au thon à Populonia et à l'Argentario...
Nombreux sont les vestiges d'hameçons, d'aiguilles de bronze, de poids de filets, de harpons... Nombreuses aussi les représentations d'espèces de poissons de mer (la Tyrrhénienne) sur les assiettes et plats à poissons (IVè et IIIè s. av; J.C.).
Quelques remarques pour conclure sur l'alimentation des Etrusques (deux articles) :
1) Même si aujourd'hui nos préoccupations alimentaires se tournent vers l'agriculture biologique, notre nourriture basique reste en grande partie la même que celle des Etrusques.
Leur alimentation a peu varié de l'époque archaïque à l'époque hellénistique. Aucune différence entre la nourriture des hommes et celle des femmes. Alors faut-il s'inquiéter des représentations de défunts bien gras et même obèses, figurant sur les sarcophages des siècles tardifs (IIIè-IIè-Ier s. av. J.C.) ?
Couvercles de sarcophages et tête de statue en bronze montrant des Etrusques obèses...
Précisons que ces personnages ventrus, aux nombrils saillants, aux traits mous et adipeux appartenaient à la classe des nantis qui ont profité avec excès des biens de leur caste et de leur époque. Obésité signifiait socialement richesse et notoriété. Il faut donc relativiser : tous les Etrusques n'étaient pas aussi dodus !
Par ailleurs ces représentations ne concernent qu'une minorité de sarcophages (ceux d'une élite) mais elles ont aussi contribué à laisser de l'Etrusque en général une image stéréotypée de personnage amolli et décadent telle que nous l'ont transmise certains auteurs romains (et grecs !) envieux du luxe de l'aristocratie étrusque et jaloux de ses privilèges.
2) Enfin rappelons qu'en septembre 1988, dans le cadre d'une journée mondiale de l'alimentation, s'est tenue à VITERBE une exposition sur l'alimentation des Etrusques (dont je n'ai malheureusement jamais pu avoir le catalogue !). Un article de la revue Archéologia (n°238) relate l'évènement.