L'étude des voisins les plus célèbres des Etrusques implique une connaissance conjointe de l'histoire et de la géographie des territoires qu'ils ont occupés : la Grande-Grèce comportant l'Italie méridionale et la Sicile.
Les cités grecques de la colonisation historique foisonnent sur la carte ci-dessus ; de simples comptoirs commerciaux établis après exploration dès le VIIIè s. av. J.C, elles sont devenues des établissements stables au rayonnement économique, cultuel, culturel et artistique.
Il ne s'agit pas pour nous d'une exploration exhaustive de toutes ces villes ni de visites touristiques mais de donner un aperçu des richesses de celles qui furent les plus importantes à l'époque où elles eurent à rencontrer les Etrusques pour commercer, échanger ou s'affronter avec eux. On imagine facilement combien les rapports entre ces deux civilisations fascinantes ont pu être complexes sachant que les visées de chacune étaient à peu près les mêmes : conquérir des terres pour étendre leurs territoires, s'enrichir par le commerce et exploiter les ressources minières du territoire.
Quelles régions les colons grecs occupèrent-ils ? les Pouilles, la Basilicate, la Calabre, la Sicile et surtout la Campanie si convoitée par les Etrusques...
A strictement parlé, le terme de Grande Grèce désigne la côte ionienne de l'Italie, de Locres à Tarente, c'est-à-dire toute la côte méridionale jusqu'à Cumes (un peu plus au nord).
Nous excluons la Sicile de notre étude pour le moment...
A l'époque orientalisante, les Grecs quittent leur pays devenu pauvre pour trouver de nouvelles terres; les colonies de la Grande-Grèce seraient donc des colonies de peuplement à motivation agricole...
Les villes du sud, les plus proches de l'Hellade comme Tarente, Métaponte, Siris, Sybaris...auraient donc dû logiquement être fondées en premier lieu au bord de la Mer Ionienne. Or, ce n'est pas le cas.
Une histoire d'îles
Grâce aux historiens grecs (Platon, Strabon, Hérodote, Diodore de Sicile, Polybe, Thucydide...) nous savons que ces hardis navigateurs venant de la grande île d'Eubée ont prolongé leur traversée et pris le risque de franchir le détroit de Messine si dangereux pour se rendre sur les rivages de la Mer Tyrrhénienne et s'installer sur l'île d'Ischia (Pythécusses) puis fonder CUMES, la plus ancienne de toutes leurs colonies...
Comment expliquer ce choix ?
Il semble bien que la motivation"agricole" n'ait pas été primordiale. En réalité, ce qui les motivait surtout était la richesse minière des Etrusques, leur métallurgie : le minerai de fer et autres métaux (cuivre, plomb, étain...). Le fer surtout provenant de 'île d'Elbe...Métaux d'un trafic intense à cette époque, très convoités par les colons. La soif des métaux est donc leur première motivation. D'où l'importance des créations portuaires...:
Rappelons l'objectif principal de ce circuit en Grande-Grèce : les contacts étrusco-grecs quelle que soit leur nature, sachant d'emblée que les motivations de part et d'autre seront essentiellement d'ordre commercial, économique et culturel, voire artistique.
Pour cela, il faut reprendre notre itinéraire virtuel que nous avions poursuivi jusqu'à Gnathia (article précédent ) et quitter les Pouilles pour retrouver la côte sud en Campanie où se situent d'importants sites portuaires grecs.