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A la recherche des Etrusques...
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Populations italiques de la côte adriatique (2)

Populations italiques de la côte adriatique (2)

 

Retrouvons les populations italiques issues des vagues de migrations indo-européennes et implantées au VIIIè s. av. J.C. le long de la côte adriatique, face à la côte dalmate.

 Au sud des PICENIENS, nous rencontrons les DAUNIENS qui, avec les PEUCETIENS et les MESSAPIENS, occupaient la région des Pouilles et côtoyaient les migrants grecs (colons de la Grande-Grèce).

Mais clarifier les caractéristiques de ces populations d'origines encore bien confuses n'est pas si simple. Les vagues de migrations se superposent, les influences des aborigènes et civilisations déjà en place brouillent les pistes et les études de spécialistes qui se multiplient aujourd'hui ne font qu'aggraver la confusion : ces dernières qui se contaminent le plus souvent ne font que répéter des informations connues et manquent de référents sérieux. On peine à s'y retrouver ! 

 Cette aire géographique était appelée APULIE par le géographe grec STRABON (sous Auguste) et regroupait depuis le XIIIè s. av. J.C., un ensemble d'autochtones et de migrants en provenance de l'Illyrie (côte dalmate) et de Grèce (Mycène ?). Strabon les nommait les IAPYGES

La grande difficulté d'identification des ethnies concernées provient de leur variété alors qu'elles sont contemporaines : c'est un monde complexe !

N'insistons pas car les recherches officielles sont toujours en cours.

Recommandons plutôt la lecture de cet ouvrage qui a le mérite de faire le point :

L'art des peuples italiques (3000-300 av. J.C.), Musée d'Art et d'Histoire de Genève, Silvia Cassani, Electa Napoli, 1993

 

 

A propos des Dauniens

Le roi Daunos entre légende et histoire...

     Fils d'un prince illyrien, il traverse la mer adriatique avec ses frères Lapyx et Peucetios pour s'installer en Apulie où il chasse les Ausones ( première vague indo-européenne ?), aborigènes déjà en place. Daunos accueillera Diomède, roi d'Argos qui a fui la Grèce après la guerre de Troie et lui donnera sa fille Drionis. Après sa mort, Diomède sera l'objet d'un culte en Adriatique, en Illyrie et dans toute l'Apulie en tant que héros.

     Les Dauniens étendront leur territoire jusqu'en Molise, région entre les Abbruzes et les Pouilles mais leur langue reste encore inconnue (plusieurs parlers dont l'osco-ombrien ?)

La céramique daunienne et le suivi de sa diffusion 

    Apparue au IXè s. av. J.C, elle se développera jusqu'au IVè en plusieurs phases jusqu'à hellénisation et présente une spécificité très reconnaissable, originale.

    Les ateliers de production se sont répandus dans toute l'Italie du sud-est, surtout autour de Canosa mais aussi à Herdonia, Ascoli et Arpi.

       Exemple de production de Canosa : ce joli petit vase au profil d'oiseau très stylisé, à motifs géométriques, peints en noir et rouge sur pâte claire.

Il est loin d'être ordinaire...avec son anse large et sa plaque filtre à l'intérieur du bec verseur. Sans doute un vase à huile parfumée permettant de filtrer des herbes macérées pour ce précieux liquide.

(Vè s. av. J.C., collection Durand, musée arch. de Toulouse)

 

 

Voir aussi ces trois récipients dauniens (VIè-Vè s. av. J.C) de la collection Pierre Berger (photo de catalogue de vente)

Vases de style "olla", galerie Golconga, St P. de Vence

Des formes vraiment originales !  (cols resserrés et anses relevées)

   Cette belle pièce rare du musée Ariana de Genève au décor de pigments rouge et noir avec verseur à filtre reposant sur trois pieds anthropomorphes 

 

 Autre variété de vase à filtre :

Un askos polychrome à deux goulots

 

Tous les vases à filtre sont une spécialité de Canosa et sont facilement reconnaissables. Ils correspondent à une période initiale de production donc peu encore influencée par les décorations attiques et par conséquent plus originale, plus traditionnelle, plus italiote...On pourrait parler d'art premier...

Voici encore deux récipients de la production daunienne :

Style de Canosa (VIè s. av. J.C.)

 

 

Une tasse avec filtre et anse à figure, au décor à plusieurs registres : animalier et à fantaisies géométriques...

On retrouve dans cette aiguière du même style la fantaisie du céramiste qui anime l'anse en figurant cette fois une sorte de personnage au masque animalier, gueule ouverte, les mains appuyées sur le rebord du récipient : fantaisie et humour...

 

(VIè-Vè s. av. J.C., Musée Borely à Marseille)

 La production daunienne fut très importante et s'étendit le long de l'Adriatique dans toute l'Italie du sud, en Grande-Grèce, en Illyrie. 

 Les spécialistes de cette céramique (dont Ettore De Juliis ) distinguent 3 phases  dans son évolution :

700-550 /550-400/ 400-300 av. J.C.

La seconde phase est la plus riche et présente une grande variété de formes et d'éléments décoratifs : olla, cratère, askos, attingitoio à anse élaborée et éléments zoomorphes...

La dernière phase glisse vers un décor plus végétal et de bandes horizontales (les lisses), avant de perdre toute personnalité au contact de la romanisation.

   A propos des Peucètes et des Messapiens

 Les autres populations iapyges (Peucètes et Messapiens d'Apulie) installés entre les promontoires de Gargano et l'extrémité de la péninsule de Salento (au pied de la botte) étaient des civilisations cousines des Dauniens, pastorales mais guerrières, occupant des sites fortifiés sur la côte et les collines des Pouilles.

   Dépourvues de littérature, ces peuplades considérées comme rustres et "barbares"par les colons grecs, n'intéressaient personne. Aucun historien, latin ou grec n'en parle. Seule pour le moment, la production abondante de céramiques sorties des tombes permet de révéler leur art pourtant très différencié des autres Iapyges : nous parlons de certains vases messapiens.

Les anses surélevées et coudées de ces olletta du VIè-Vè s. av. J.C., semblent suivre une mode : des sortes de rouelles sont collées sur les anses. Les italiens les surnomment "trozzelle".

 

Vases messapiens de type "trozzele" (IVè-Vè s. av. J.C.) Phot. Anticopédie

 

Vase messapien de type"trozella" au musée Sigismondo de Lecce

 

En Peucétie, dans les environs de Bari, vers le IVè s. av. J.C., on trouve ce genre de cratère sur pied surélevé, à décoration géométrique, fine et serrée qui ne manque pas d'élégance mais où l'influence grecque se fait sentir.

(Phot. Anticopédie)

Photo partielle de couverture de l'ouvrage : L'art premier des iapyges (Chamay et Courtois) 2002, Naples

Merci à Jacques CHAMAY et à Chantal COURTOIS pour les précieuses informations tirées de leur ouvrage :

L'art premier des Iapyges

Céramique antique d'Italie méridionale

2002