En réponse à quelques suggestions issues des commentaires sur les précédents articles, voici une présentation succincte (un simple aperçu) de pièces artistiques d'exception trouvées en Grande Grèce.
LE ZEUS D'UGENTO
C'est la séduction même ! Existe-t-il, dans toute l'histoire de la toreutique grecque du VIè s. av. J.C. visage plus sublime et d'un plus exquis raffinement ?
La statue en pied est au Musée National Archéologique de Tarente :
En savoir plus : https://www.salentoacolory.it/museo-archeologico-taranto/
Boucle d'oreille ?
Remarquable finesse des traits...
Photo (Cités grecques d'Occident, Roberto Bosi, 1980)
Nous sommes dans le talon de la botte (les Pouilles), dans l'antique Messapie, à Ugento (aire sud de Tarente).
En 1961, le patrimoine national va s'enrichir grâce aux bons soins de deux découvreurs qui vont faire identifier les restes d'une statue en bronze trouvés, lors de travaux, dans un trou rocheux...
La découverte est d'importance ! Après restauration en 1969, la statue reconstituée est bien celle d'un dieu (d'abord appelé Poséidon) puis identifiée comme Zeus d'après des attributs supposés.... L'oeuvre en pied sera affectée au Musée National de Tarente.
Zeus est nu, bien campé sur ses jambes légèrement écartées, les deux bras un peu levés pour tenir comme on l'a supposé, le foudre à main droite et des pattes d'aigle (?) à main gauche : attributs caractéristiques traditionnels...
Ce qui frappe d'emblée est l'extrême beauté de la tête : avec ses pommettes saillantes, le visage souriant est empreint de sérénité; la coiffure très élaborée, aux boucles serrées sur le front et aux longues tresses retombant sur la poitrine est maintenue sous un diadème circulaire orné de rosaces et d'une couronne de fleurs...Ajoutons la fine moustache et la courte barbe pour compléter ce gracieux portrait.
La statue n'est pas très haute (0,74 m) mais le socle qui la supporte apparaît plutôt massif ; cette base rectangulaire a été identifiée comme étant un chapiteau dorien dont l'abaque est décoré d'une rangée de fines rosaces qui l'allègent...
Cette vue de dos permet d'admirer l'harmonie des proportions de ce corps aux membres épais, solides, aux lignes viriles, constituant d'ailleurs un heureux contraste avec le surprenant raffinement des traits du visage au charme archaïsant.
Pout compléter cette trop courte analyse d'une oeuvre toreutique pourtant magistrale, je rapporte en substance les conclusions du surintendant de l'époque, Nevio Degrassi :
Cette statue, exécutée sur place vers 530 av. J.C., suivant une technique dite "à la cire perdue" est une production qui se réfère à des artisans de Tarente.
Pourquoi aurait- elle été ainsi enfouie dans un trou rocheux ?
Degrassi pense à une réaction de certains groupes aristocratiques indigènes aux influences culturelles helléniques suite aux guerres entre les cités de Messapi et de Tarente au Vè s. av. J. C.
L'art messapien montre ici un bel exemple de synthèse indigène -gréco-orientale.
Actes de la rencontre scientifique du Centre Jean-Bérard de l'Ecole française de Rome (Naples, Rome,1999)
(Une synthèse à exploiter, même si elle date un peu...)
A SUIVRE