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A la recherche des Etrusques...
A la recherche des Etrusques...
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L'ameublement étrusque (1)

L'ameublement étrusque (1)

Une pièce typique : un thymiaterion

(Brûle-parfum ou encensoir utilisé dans les espaces habités ou dans les tombes)

Le thymiaterion de la collection Antoine Vivenel,1840, production de Vulci.

 

 

 

    Partie haute

(coupelle : 11 cm

Lions : H. 3 cm; Larg. 3,5 cm)

Pièce complète en bronze coulé, patine cuivrée; : 48 x 18 cm

 

Coupelle  soutenue par 3 lions accroupis

Fût torsadé à élément décoratif supérieur complexe (moulure et petit vase : assemblage XIXè siècle (?)

Pied : 3 jambes de cheval

 

Datation : 3 lions du VIème s. av. J. C 

 

Le reste du fûtIVè s. av. J.C. suivant production de Vulci mais d'origine non identifiée...)

 

Commentaires :  extraits du Catalogue raisonné de la collection étrusque et italique du musée Antoine Vivenel de Compiègne par Christian Mazet, 2015.

Regards sur "l'ameublement" étrusque

La documentation sur le sujet paraît à fortiori limitée et reste indirecte puisque de facture initialement périssable...(toute pièce en bois par exemple).

   Il faut s'en référer aux représentations des fresques de tombes, des vases, des urnes, des cippes et sarcophages pour compenser les témoignages directs fournis parfois dans les musées, les collections où règnent une variété, une richesse inattendues puisées aussi bien dans les nécropoles des centres urbains d'Etrurie méridionale ou glanées parmi les terres colonisées ou les zones sillonnées par les commerçants étrusques...

Ne pas négliger les sources écrites d'écrivains grecs, romains, orientaux qui nous ont révélé et transmis le degré de raffinement d'une civilisation originale, pourtant occultée par les Romains, pillée puis jugée "intermédiaire" et trop vite oubliée !

Frise en pierre sculptée de Chiusi évoquant l'ambiance d'un intérieur pendant un repas...

  Je me fais l'avocat du diable : "Qu'avons-nous à faire aujourd'hui de tout ce fatras, de tous ces trésors d'artisanats dont on nous rebat les oreilles ? Ustensiles du quotidien, décoration funéraire, objets importés/exportés plus ou moins identifiés (parfois même encore énigmatiques) ayant occupé l'espace des habitats de vivants, morts depuis si longtemps..."

Pour ceux qui s'y intéressent encore, qu'ils s'attendent à voir défiler toute une brocante magique de tables, guéridons, lits, coffres, sièges, tabourets, trônes, candélabres, brûle-parfums, de provenance locale ou orientale, en bois, en pierre, en bronze ou en ivoire, en métal précieux créés au fil du temps depuis le IXè siècle avant notre ère...Bref, une fabuleuse collection de trésors qui nous donne à réfléchir (ou nous font sourire) à l'heure où tous nos regards se tournent vers de lointaines planètes : toujours plus avides de nouveautés, de vie facile... insatiables que nous sommes de consommer, de profiter, de jouir à l'instar d'ailleurs des riches étrusques de l'époque !

Prenons le temps d'apprécier le détail, la décoration, les influences de cet artisanat de synthèse inédit d'un peuple qui a tant aimé la vie et la beauté qu'il s'impose encore aujourd'hui comme un modèle d'excellence dans toute l'Europe...

 

                                        LES  CHANDELIERS

Autre version de candélabres, thymiaterions, encensoirs, chandeliers, ce brûle-parfum produit à Vulci qui ornait les intérieurs de maisons étrusques pendant les banquets. 

     Cet exemplaire en bronze particulièrement raffiné est animé par une danseuse à crotales ( castagnettes) en posture tournante et dynamique dont le corps se dévoile sous une tunique ajustée et un justaucorps à bretelles croisées dans le dos; elle repose sur une base ornée de trois pattes léonines élégamment ployées et supporte un montant complexe de plusieurs disques au sommet duquel trois feuilles en métal qui devaient soutenir une coupelle  contenaient des substances qui se consumaient en répandant leurs parfums  (Photo dans L'Art étrusque, 2013, Editions du Louvre)

On trouve encore au Louvre deux chandeliers à danseuses (montant plus court mais modèle sans doute issu d'un même atelier de Vulci) 

Document personnel. 1955 (Danseuse d'un atelier de Vulci)

 

    Autre chandelier " à la danseuse"

    Particulièrement rare par la gestuelle aux bras relevés , aux mains retournées et par l'élégance du costume oriental agrémenté de bracelets symétriques soulignant les manches évasées et une large ceinture en forme de obi, cette séduisante danseuse aux calcei répandi n'a pas d'équivalent.

 Un chef-d'oeuvre de toreutique étrusque !

British Museum, Londres.

Dans le même registre d'objets utilitaires décoratifs, une figure masculine de jeune homme debout sur un petit chariot rectangulaire à roulettes orné de 4 lions couchés à queues relevées, tournés vers l'extérieur à chaque angle du support.

Brûle-parfum en bronze; Vè s. av.J.C, H ; 30 cm ; musée du Louvre

 

Cet ustensile domestique à élégante silhouette est devenu un précieux objet documentaire : son support à roulettes au décor animalier en fait l'originalité mais perpétue aussi un type d'objet étrusque existant depuis le tout début de l'époque villanovienne (entre le XIè et le VIIIè s. av. J.C.); les roues à rayons sont non seulement décoratives mais aussi fonctionnelles !

   Le visage du personnage en position frontale est encadré d'une coiffure recherchée en "bigoudis serrés" qui descendent sur la nuque et les épaules. De grands yeux en amandes, un nez fin, un sourire ionien. Sa nudité archaïque est relevée par une parure de collier à bulles et d'un bracelet en haut de chaque bras. Les jambes sont massives, les bras tendus vers l'avant; un long pied gauche dépasse légèrement...

La tête supporte une jolie vasque pour graines parfumantes...Bref, une pièce d'exception qui a beaucoup de charme.  (Photo Art étrusque, Louvre Editions, 2013.

 

 

 

L'encensoir en bucchero d'ARTIMINO

Artimino : C'est dans ce petit hameau au nord-ouest de Florence, dans la commune de Carmignano, province de Prato di Rosello qu'a été trouvé cet encensoir du VIIè s. av. J.C. qui ne déparerait pas aujourd'hui  dans un intérieur contemporain ...

D'une élégante simplicité, il se compose d'un support horizontal pour trois vasques et d'un pied ajouré en forme de trompette. La vasque centrale, la plus élaborée est décrite dans un commentaire italien  " vaschetta centrale a forma di navicella" ... Quoi qu'il en soit, elle donne une allure "modern style" à l'ensemble de la pièce ...

  La belle surprise : une inscription étrusque désignant le destinataire ou le fabriquant de l'objet Larthusa Kulenie

La technique, le style de production s'apparentent à ceux du territoire florentin (certains candélabres de la culture de Golasecca)

 

 

 

     

Brûle-parfum d'Artimino en bucchero (H : 27 x 25,8 cm, musée archéologique), VIIè s. av. J.C

 

LE CHARIOT DE BISENZIO

Chariot de Bisenzio en bronze. VIIIè s. av. J.C.(Nécropole d'Olmo Bello, Musée de la Villa Giulia, Rome)

 

Beaucoup plus complexe pour notre regard contemporain, ce chariot en bronze du VIIIè s. av. J.C. provenant des environs du lac de Bolsena.

   Sa décoration nous paraît excessive par la profusion de figurines qui animent le dessous du bassin-encensoir; ce dernier est enchassé dans un large bandeau ajouré d'où pendent des anneaux enchaînés...Les figurines présentées pêle-mêle illustrent des moments de vie quotidienne : laboureurs au travail, scènes de chasse, porteurs de vases, guerriers en armes, animaux...

   Cette profusion de figurines naïvement présentées n'est pas sans rappeler celle du chariot de Strettweg de même style, aux influences évidentes...

 

Chariot de Strettweg.  VIIè s. av. J.C.

Char cultuel trouvé en Autriche (Styrie), exposé au Johanneum Museum de GRAZ

 

 

Ce gros plan permet d'apprécier le foisonnement de personnages très peu représentés jusqu'alors et d'animaux chevaux et cerfs aux bois surdimensionnés,  tous placés aléatoirement autour d'une divinité féminine de grande taille...

 Pièce d'influence celtique mais les artisans étrusques n'ignoraient pas ce travail d'art primitif protohistorique (le chariot de Bisenzio en témoigne)

A SUIVRE