LES TABOURETS
Reconnaissables à certains attributs, ces deux barbus en tête à tête tiennent une discussion sérieuse : sans doute des magistrats, installés sur leurs confortables sièges (curules pour les Romains, des diphros grecs : ce sont des tabourets pliables à montants recourbés, à pieds animaliers.
*Les attitudes sont hiératiques mais la scène reste naturelle et vivante, animée par l'oiseau qui vole à droite...
*Illustration déjà commentée dans l'article du 20 octobre 2018 : La société étrusque (3)
Ce type de tabouret figure aussi dans cette fresque de la tombe des Augures :
Un petit esclave apporte le tabouret (diphros) à un arbitre (agonothètes) qui s'impatiente...car il doit arbitrer une lutte en l'honneur du défunt...
Ce type de tabouret, à l'origine égyptien, a transité aussi en Grèce, avant de meubler les intérieurs étrusques bien qu'il semble réservé d'abord aux rois ou magistrats de haut rang. Les romains reprendront cette tradition : les sièges curules. Leur succès perdure à travers les nombreux modèles repris par nos designers contemporains...pour un usage, il est vrai, plus quotidien.
Il faut admirer avec quel soin a été menée la restauration de ce tabouret en pièces !
Trouvé dans le corridor d'une tombe à fosse de Bologne, il a été traité avec le respect dû à une relique....
Un puzzle fait de bois, d'ivoire, de bronze et de lamelles d'argent (Musée archéologique de Bologne)
Quelle est donc cette suite de huit personnages présidée par un dignitaire portant une crosse (lituus) ?
Des divinités ? Des seigneurs locaux ? Des magistrats en assemblée ?
Cinq sont assis, les pieds sur un petit banc. A droite, le premier est suivi d'un assistant porteur d'une lance et d'une épée.
Suit une femme assise sur un trône, un végétal à la main et tendant un voile devant elle; derrière elle, une servante portant un éventail et une situle (seau).
Trois autres figures sont assises sur des tabourets; celle du milieu est barbue, munie d'une double hache; les deux autres portent un végétal.
Un serviteur à bâton fourchu ferme la scène.
L'interprétation n'est pas simple mais l'attitude solennelle générale témoigne du rang social élevé des figurants (qui bénéficient d'un TABOURET) et de l'importance de la manifestation...
LES TRONES
En principe, un trône est destiné surtout à un roi.
Chez les Etrusques d'époque villanovienne, les trônes apparaissent avec le mobilier funéraire dans les tombes de personnages importants (aristocrates, magistrats, arbitres, chefs de guerre). Leur forme traditionnelle est encore celle de bons nombre de nos fauteuils contemporains du genre crapaud.
Ils peuvent être en bois, en bronze, en marbre, en pierre sculptée...
Le trône BARBERINI de Palestrina (Latium) présenté ci-dessus est recouvert de lames de bronze avec décor au repoussé, organisé en frises superposées à motifs géométriques. Ce trône et les objets de la tombe (armes, char, bouclier, bijoux) sont des marques de rang social typiques de l'aristocratie orientalisante étrusque.
Un même exemplaire en bois a été trouvé à VERUCCHIO (côte adriatique).
Le trône en bois de VERUCCHIO
Seul trône en bois retrouvé...superbement décoré en entaille avec des applications de couleur; s'y mêlent des motifs géométriques à des scènes de cérémonies présidées par des prêtres en présence de seigneurs sur leurs chars.
Il a été retrouvé sur un coffre en bois contenant un somptueux mobilier funéraire et un grand vase en bronze avec les cendres du défunt qui devait être un personnage de très haut rang à prérogatives politiques et militaires.
Assez peu lisible ici, cette surprenante ornementation sera mieux appréciée au Musée Archéologique villanovien municipal de Verucchio.
Le trône en bois de VERUCCHIO de la Tombe LIPPI (VIIè s. av. J.C). Photo Dossier d'Arch. 2007, p 104-105
Le trône en marbre du Palais CORSINI (la Sieda Corsini)
Belle pièce étrusque d'époque tardive (1er s. av. J.C), Palais Corsini, Rome.
Le trône offre une élégante assise qui s'ouvre en corolle d'arum; il est entièrement sculpté de frises épousant le dossier largement évasé et le tambour reposant sur trois pieds rectangulaires.
Siège de prestige devenu symbole destiné à rappeler l'ascendance aristocratique d'une famille étrusque qui occupait sans doute une place notable dans la société romaine de la fin de l'époque républicaine.
Le trône funéraire de CHIUSI (ci-dessous) en placage de bronze présente un remarquable travail de dessins incisés, ornementés de frises encadrant des animaux fantastiques. Le profil permet d'apprécier la géométrie rigoureuse de l'ensemble (dossier et tambour).
Les trônes de la tombe des boucliers et des sièges de CERVETERI
Ce sont en fait de hauts fauteuils sculptés dans le tuf agrémentés de repose-pieds et adossés à la paroi, encadrant une porte. Ils correspondent à d'anciens modèles indigènes assez communs et servaient sans doute de supports pour des canopes à effigie des défunts (Chiusi).
Ils seront remplacés progressivement par les trônes grecs à dossiers droits et à accoudoirs moulurés.
Autre exemple de fauteuil funéraire en tuf pour un personnage non identifié (simple évolution du canope de Chiusi), à visage teinté, empreint de jovialité (d'une éternelle jeunesse!)
Fauteuil et personnage s'inscrivent dans des ensembles cubiques mobiles avec tête et avant-bras rapportés. Les cendres du défunt sont dans une cavité à l'intérieur du buste.
Amusant : voici un défunt qui a une tête de bon vivant ! Une production originale...
Trône en pierre fétide de MATER MATUTA
Trône de forme cubique à dossier droit et à accoudoirs pleins sculptés en forme de sphinges accroupies.
Mater Matuta, déesse de la maternité très populaire mais aussi "mère de l'aurore, du petit matin", tient dans ses bras un enfant langé; statue cinéraire avec tête et pieds amovibles (pour contenir les cendres du défunt)
A SUIVRE