La décoration intérieure la plus courante de l'habitat étrusque est amplement documentée dans toute sa variété et son évolution grâce à l'incroyable iconographie et imagerie persistante laissées par cette civilisation qui n'a eu que quelques siècles d'existence...C'est pour nous une source d'étonnement permanent et notre curiosité est loin d'être satisfaite !
Il faut cependant se limiter au mobilier le plus simple, le plus indispensable, celui qui est encore le nôtre aujourd'hui.
LA TRAPEZA (ou petite table à trois pieds)
Elle était le plus souvent utilisée pour poser les mets dans les banquets.
En voici une, très simple :
Elle est en bronze et son plateau rectangulaire plutôt fragile a été malmené mais les trois pieds en forme de lyres paraissent encore bien stables.
Trouvée dans la nécropole princière de Casa Nocera à Casale, elle est au musée Antiquarium à Cecina (province de Livourne)
Celle-ci, d'allure résolument moderne, est en bois (comme la plupart des pièces de mobilier funéraire provenant de Verucchio) et le petit plateau circulaire (en partie dégradé) est soutenu par trois pieds à fines décorations d'entailles "à lyres".
Nombreuses étaient les petites tables rectangulaires ou rondes qui figurent le long des lits des banqueteurs en général...
Dans la tombe hellénistique des Boucliers, Larth Velcha et son épouse Velia Seitithi sont devant une petite table rectangulaire (sans doute en bois) où sont disposés les mets
(Phot. La Peinture Etrusque, p. 107)
Préparation d'un banquet avec personnel de service, vaisselle et plusieurs sortes de tables rectangulaires
Amusant, pratique et original, ce petit chariot à roulettes en bronze du Musée de Chiusi !
Décoré aux quatre angles du plateau supérieur de petites têtes de cheval...
Il faut retourner à la Tombe GOLINI d'Orvieto pour voir une variété de tables adaptées aux besoins de la préparation d'un banquet en cuisine.
Ici, cette table ronde sur trois hauts pieds permet à l'esclave-cuisinier de travailler à bonne hauteur...
Sur la même paroi, on aperçoit ici d'autres tables hautes à trépieds devant une banqueteuse et un aulète...
LES LITS (klinai)
Reprenant une coutume orientale, les Etrusques comme les Grecs et plus tard les Romains, prennent leurs repas, surtout lors des banquets , à demi allongés sur des lits confortables, le coude gauche appuyé sur un coussin. Cette coutume est si ancrée dans les moeurs que même les urnes funéraires en popularisent la représentation :
Elle perdure aussi en Etrurie occupée (époque romaine) comme on le constate sur ce plan du relevé de décor peint de la Tombe du Triclinium qui représentait une scène de grand banquet pour dix couples ornant les murs...
Couples banqueteurs avec serviteurs et citharède. A noter : les tables rondes de service et le grand cratère en l'honneur de Junon/ Uni, déesse vénérée à Cerveteri; divers récipients et vaisselle de service...
Cette tombe du Triclinium n'existe plus : ce relevé très précis du décor de banquet de Luigi Canina (archéologue romain du XIXè siècle) n'en a que plus de valeur.
La position du banqueteur :
Sur un couvercle d'urne funéraire, un éphèbe demi étendu, quasiment nu, coude gauche appuyé sur un coussin replié
Couple charmant sur lit de banquet
On notera l'épaisseur rituelle du matelas (prothésis)
Cette présentation succincte de quelques meubles que nous utilisons encore aujourd'hui bien que la coutume conviviale des banquets et celle, funéraire, des prothésis aient disparu, ne donne qu'un faible aperçu de ce pouvaient contenir les intérieurs domestiques étrusques qui s'inspiraient d'ailleurs de la mode grecque; il faut la compléter au fil des découvertes archéologiques et des expositions muséales qui réservent de belles surprises sachant que toute tentative de synthèse documentaire risque vite d'être dépassée.
Notre recherche continue donc...