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A la recherche des Etrusques...
A la recherche des Etrusques...
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Les plaques de Cerveteri (2)

Les plaques de Cerveteri (2)

Les plaques en terre cuite peinte de Cerveteri  (Collection Campana du Louvre, 1861)

Observations

      L'ordre de présentation de ces plaques de décoration murale ne peut être qu'aléatoire. Les 5 pièces restantes (6, paraît-il, connues pour cette série) ne présentent en effet aucun ordre cohérent; les plaques semblent d'ailleurs avoir été découpées pour pouvoir s'adapter à plusieurs supports (édifices, tombes, espaces muraux publics ou privés...). Il est évident qu'il en manque pour que leur ordre soit signifiant et aboutisse à un récit quelconque. Il faut se contenter d'une observation individuelle de chaque panneau et de commentaires basés sur des hypothèses sans aucune garantie scientifique.

 Description

      Les 5 plaques se présentent sous forme de panneaux rectangulaires verticaux de hauteurs presque égales ornés de corniches à godrons polychromes et de soubassements à bandes verticales alternées blanches et rouge foncé; ce curieux motif décoratif pourrait correspondre à un support boisé des plaques...

      Les couleurs dominantes (blanc, rouge brique, noir, ocre) sont conventionnelles au VIè siècle pour les vêtements et les carnations (brique pour les hommes , blanche pour les femmes).

     Vêtements longs pour les femmes et courts, très ajustés pour les hommes. Cheveux longs pour tous.

     Il faut savoir que les artisans-décorateurs les plus sollicités dans la cité de Caere à cette époque étaient en majorité d'origine ionienne et exerçaient leur art aussi bien dans les tombes que dans l'espace public ou privé mais même si l'on perçoit parfois une certaine unité de style, leurs oeuvres ici restent anonymes...

Après le succès des vases corinthiens dans la cité cérétaine, émerge celui des plaques peintes ioniennes... Suivra l'engouement pour les nombreux vases attiques...

A Caere, les artisans grecs ont décidément de beaux jours devant eux  !

 

Hauteurs variables entre 1,26 m et 1,31 m. Longueurs entre 33 et 59cm.

        Défilé cérémonial (ou cortège funéraire) alterné d'hommes et de femmes aux attitudes hiératiques. Les hommes aux membres massifs portent l'un une lance, l'autre, un arc et deux flèches; le haut du corps est moulé dans un élégant justaucorps; ils sont chaussés de demi-bottes aux formes sophistiquées et en "calcei repandi" typiquement ioniens. Une femme tient un gros épis vertical (une offrande ?)

Hauteur variable entre 1,23m et 1,31m. Longueur entre 33 et 59cm

     Une scène complexe : un homme debout, un pied décalé devant un autel fait de briques colorées au bord duquel se dresse une colonnette soutenant un récipient lustral (?) Au cente de l'autel brûle un petit feu. Il porte un justaucorps collant à manches courtes recouvrant le buste et le haut des cuisses; son crâne est rasé. Une main s'appuie sur l'autel; il porte l'autre à la bouche : Est-ce un prêtre accomplissant un rituel ?  

Cette scène est la plus connue mais n'en est pas plus explicite... 

     Deux hommes conversent très sérieusement, assis sur leurs tabourets pliants habituellement réservés à des dignitaires ou à des rois. L'un est plus âgé que l'autre; il tient une haute canne à pommeau. C'est lui qui parle, l'autre semble pensif et l'écoute. Tous deux sont vêtus de tuniques plissées recouvertes de courtes capes. Leurs chausses sont ioniennes. En haut à droite, volette une créature féminine ailée : inspire-t-elle leur conversation ? Qui représente-t-elle ? 

  Il faudra retrouver le mythe grec auquel se réfère (ou fait allusion) cette scène complexe qui restera d'autant plus énigmatique qu'elle n'est qu'une pièce du puzzle !

C'est un travail de spécialistes requérant des compétences en matière de civilisation grecque et d'iconographie étrusque... Nous identifierons peut-être alors ces deux hommes face à face.

 

 

      Enfin, en renfort de complexité, cette échappée mystérieuse de deux hommes en course. Le premier tient serrés dans la main, un arc et deux flèches (il figure aussi dans la cortège d'une scène précédente ?) Le second le suit, serrant étroitement contre lui une femme immobile, enveloppée dans son himation, les yeux bien ouverts mais ce dernier, une divinité ailée, ailettes aux talons, ressemble fort à un Hermès psychopompe  se livrant manifestement à un rapt, vu son empressement.  Est-ce l'illustration d'un épisode mythologique grec dont les étrusques sont si friands ?

INTERPRETATION : Il significato dell'immagine...

Si l'on se réfère à la spécialiste qu'est Denise EMMANUEL-REBUFFAT, un récit grec pourrait offrir plusieurs clefs : celui de la Légende d'Alceste dont Hercule est le héros : Alceste s'étant offerte à mourir à la place de son époux Admète, Hercule a fait en sorte qu'elle puisse revenir des Enfers !

Le porteur d'arc et de flèches serait alors Hercule. (dans le défilé et aussi devant Hermès (ailé) emportant Alceste sortie ou revenue de l'au-delà....

Les Etrusques, intéressés par ce récit grec d'un retour miraculeux de l'au-delà, (une résurrection !) l'auraient interpréter à leur façon (mythopoièse) ? Interprétation locale même probable ?

  Nous n'en saurons pas plus sur cette représentation lacunaire qu'on soupçonne hautement symbolique et qui gardera ses secrets tant que d'autres informations confirmées ne viendront pas étayer certaines hypothèses...

   

  Rappelons que ces plaques décoratives cérétaines se trouvaient dans une tombe de la nécropole de la Banditaccia, tombe qui n'est pas localisée dans les Catalogui du découvreur Campana (ce qui ne facilite pas la recherche...)

   Notre curiosité reste pour l'heure parfaitement insatisfaite !

 

    

Documentation :  cf. L'Art Etrusque (Louvre Editions, 2013)

                              cf. Les Etrusques et la Méditerranée. La cité de Cerveteri (Louvre Editions, 2014)

                              cf. La peinture étrusque, Skira, 1952. Massimo Pallottino

                              cf. Rencontres de l'Ecole du Louvre, 1997

    

A SUIVRE