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A la recherche des Etrusques...
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Acquarossa

Acquarossa

Affiche de l'exposition du musée national de Viterbe présentant la récolte des fouilles d'Acquarossa et de San Giovenale (1986)
Affiche de l'exposition du musée national de Viterbe présentant la récolte des fouilles d'Acquarossa et de San Giovenale (1986)

Affiche de l'exposition du musée national de Viterbe présentant la récolte des fouilles d'Acquarossa et de San Giovenale (1986)

L'affiche s'inspire d'un motif décoratif de terre cuite d'une plaque qui ornait un bâtiment d'Acquarossa : deux personnages debout sur un char dirigent un bige aux chevaux ailés (signe d'apothéose).

Sites de fouilles associées d'Acquarossa, de San Giovenale, de Luni sul Mignone...

Sites de fouilles associées d'Acquarossa, de San Giovenale, de Luni sul Mignone...

Les eaux rouges des cascades...

 

Aquarossa (<eau rouge) : c'est le nom d'une petite rivière aux eaux rouges, ferrugineuses...Là s'est installée une cité d'Etrusques "vivants" dont on ne connaissait jusque là que les nécropoles.

      Une présence humaine dès l'âge du fer, à l'époque archaïque (VIIè-Vè s. av. J.C.), une petite agglomération à environ 7 km au nord de Viterbe qui n'a pas survécu plus longtemps mais dont les fouilles suédoises et italiennes ont révélé une vingtaine de maisons étrusques dont la configuration intérieure ressemblait étrangement à celle des tombes dissimulées sous les tumulus de la nécropole de Cerveteri.

Les découvertes faites lors de ces fouilles organisées par l'Institut suédois de Rome au nord de Viterbe de 1960 à 1970 sont donc d'un intérêt considérable. Elles restent aussi mémorables grâce à la présence active (et sans doute aussi à la participation financière) de Gustave VI Adolphe, souverain de Suède,  "roi  archéologue" de 74 ans qui se passionnera pour ce site jusqu'à 90 ans ...

Saluons cette performance de dilettante éclairé et d'humaniste...

 

 

 

 

Gustave VI tenant une plaque de revêtement des bâtiments étrusques d'Aquarossa en 1969 (Rome, Instituto Svedese di Studi Classici. Photo Pressens Bild )

        L'Exposition de 1986 au musée national de Viterbe présentait en fait deux sites : celui d'ACQUAROSSA et celui plus au sud de Viterbe, de SAN GIOVENALE, occupant tous deux des plateaux de roche de tuffeau descendant en abrupt vers des vallées et des ruisseaux ; ces situations similaires d'implantation peuvent s'expliquer : elles se situaient à la croisée d'axes E.O et N.S et s'élevaient dans des zones rocheuses très arrosées, favorisant ainsi les établissements humains.

 Les deux villes étaient cependant de taille inférieure à celles de Tarquinia, Vulci ou Cerveteri, villes plus proches de la côte.

Les fouilles archéologiques de San Giovenale (1956, 1965, 1999) et d'Acquarossa (de 1966 à 1978) ont révélé d'intéressantes évolutions dans les transformations urbaines et aussi dans la vie quotidienne des habitants. 

    Mais qu'a-t-on trouvé exactement d'intéressant dans ces deux villes de Toscane intérieure ( et qu'on trouvera d'ailleurs aussi sur le site de MURLO près de Sienne...) ?

     - Des groupes de maisons, des cours, des rues, des citernes, des puits, des canaux d'alimentation en eau et de drainage.

    -De nombreux fragments de tuiles et de briques

   - Des terres cuites architecturales servant à la décoration d'édifices

   - Des bâtiments, des murs de défense, des terrasses, des routes, un pont...

   -Un complexe de structures monumentales richement décorées de faïences en relief, vestiges de palais, sièges de dynastes locaux qui devaient s'imposer sur une population d'exploitants agricoles de la campagne environnante.

 Ces palais s'ouvrant sur une grande cour (celui d'Acquarossa mesurait 35 m de long) étaient à l'image de modèles grecs ou orientaux. Devaient s'y dérouler des festins, des banquets aristocratiques dont les plaques de décoration ornant les rebords de la toiture retracent les fastes. Bref, une vie princière avec courses de chevaux, danses, processions nuptiales ou militaires.

 

Maquettes d'édifices (musée de Viterbe)

 

Plans de structures de palais aristocratiques (VIIè- VIè s. av. J.C.)

En haut, celui de MURLO

 

En bas, celui d'Acquarossa

 

A la fin du VIè s., ces palais semblent avoir été intentionnellement détruits et recouverts...

Le pouvoir des grands seigneurs régnant sur la campagne s'estompe au profit des cités urbaines où affluent des populations plus nombreuses, plus hétéroclites formant une importante classe moyenne. On passe de l'âge archaïque à l'âge classique.

 

 

Reconstitution partielle d'un portique décoré de plaques et d'acrotères aux figures féminines souriantes.

 

 

Belle tuile plate peinte d'Acquarossa (VIIè-VIè s. av. J.C.)

Viterbe, Palazzo San Pietro.

 

Chevaux et oiseaux (sortes de hérons) stylisés...

 

Acrotère et bordure de toits

 

      Si l'on observe d'un peu plus près les plaques décoratives en terre cuite d'Acquarossa, on découvrira une scène de banquet et de danse; de longues processions de guerriers à pied ou grimpés sur des chars évoquant des exploits militaires...

Certaines d'entre elles font en particulier référence au mythe d'Héraclès (le lion de Némée ou le taureau crétois), ce qui n'est pas anodin : le héros à la massue étant très prisé par le pouvoir aristocratique.

D'autres narrent les actes héroïques de la classe privilégiée.

 

Le musée de Viterbe exposait quatre types de plaques en relief :

 

 

Type A : Scène de procession avec guerriers à boucliers ronds et Héraclès tenant le taureau crétois

Type B : Héraclès avec le lion de Némée

Type C : Scène de banquet avec convives sur leurs klinai

Type D : Spectacle de danse acrobatique 

 

Les trois premières scènes de cortèges et de banquet sont somme toute assez conventionnelles mais la scène de danse (D) attire quelques remarques.

 

Frise figurée de la plaque D (Dessin de P. Fontaine)

C'est la fête au Palais !

-  9 personnages et un oiseau (une grue ou un héron ?) qui constituent 3 scènes animées

A gauche, 3 personnages : un aulète accompagne un danseur aux bras levés; un porteur d'outre à vin à la barbe pointue, presque accroupi, semble vouloir se glisser entre eux.

A droite, 3 personnages progressent vers le spectacle central qui attire le regard : un porteur d'outre suivi d'un citharède et d'un serviteur portant une coupe profonde et une cruche.

Au centre, 3 personnages: un porteur d'outre et les deux danseurs nus. 

On peut aussi considérer que l'acrobate qui fait le poirier ou une galipette au centre est encadré par 4 personnages créant ainsi l'équilibre de la scène...

Les danseurs nus : un homme aux fesses rebondies dont la virilité n'échappe pas à la pesanteur et une femme bien enrobée (ventre et fessier) tenant une corne à boire.

Les autres personnages sont vêtus d'un chiton court serré à la taille. 

Le spectacle est vraiment divertissant, d'une grande variété de personnages, de mouvements et d'attitudes !

 

 

      Il y aurait encore bien des choses à dire et des enseignements à tirer de l'exposition remarquable du musée de Viterbe concernant les fouilles de longue haleine menées sur ces sites. Elles ont fait progresser notre connaissance historique, politique et sociale d'une période clé : l'articulation de l'âge archaïque à l'âge classique. 

Le petit film qui suit offre un riche complément à notre présentation (environ 15 minutes)

Sonorisation du film : WALTER MAIOLI (www.soundcenter.it) Une musique du fond des âges : la flûte étrusque...