Copistes de fresques étrusques (1)

    Les dessins aquarellés, les calques, les relevés, les fac-similés des peintures étrusques existent depuis leur découverte au XVIIIè siècle.

Ceux du copiste d'art Carlo Ruspi au XIXè siècle sont bien connus : ils restituent des fresques étrusques disparues ou devenues illisibles parce que trop dégradées; ce sont des reproductions qui constituent un témoignage unique aujourd'hui. Citons par exemple celles de la tombe François à Vulci, celles du Triclinium ou celles de Querciola et des Léopards à Tarquinia (vers 1830). Rappelons que la photographie n'existait pas encore !

Cf.  G.Colonna : Les copies du XIXè siècle de peintures étrusques et l'oeuvre de Carlo Ruspi, 1984.

Beaucoup moins connus et pourtant tout aussi remarquables sont ceux de Ferdinand BOBERG (1860-1946),  d'Alessandro MORANI (1859-1941) ou d'Oreste Marozzi (1874-1947) découverts dans les collections numériques mises en ligne de l'institut suédois de Rome.

La consultation de ces collections suédoises réserve de bien belles surprises :  la redécouverte de fresques connues ou la découverte de celles rarement citées parce que disparues, mais surtout, l'apparition de détails particulièrement étonnants ou émouvants dans les reproductions de fresques que nous croyions connaître ...

Enfin, la confrontation de ces dessins d'époque avec les reproductions photographiques contemporaines les plus appréciées ( je pense par exemple à celles de La Peinture étrusque, chez SKIRA, 1952 ou  aux Fresques Etrusques de S. Steingräber, 2006) suscite de nombreux commentaires...

Ferdinand BOBERG : 

Trois dessins aquarellés parmi les 10 appartenant à la collection suédoise.

1) Dans la tombe du Typhon (IIè-Ier s. av. J.C) : le monstre ailé et anguipède

Comparons les deux illustrations : celle de gauche (La Peinture Etrusque,1952) a gardé ses fraîches couleurs originales mais a perdu en lisibilité graphique; celle de droite ( Ferdinand Boberg, 1939) restitue le dessin.

Elles se complètent.

2) Dans la tombe de la Chasse et de la Pêche (VIè s. av. J.C.)

Illustration dans "La peinture étrusque", collection Passeports de l'art, 1983, p 42- 43.

Nous sommes habitués aux fresques dégradées de cette tombe; en particulier à celle du fronton triangulaire de la seconde chambre illustrant le banquet funéraire dont certains détails nous échappent ...

Aquarelle graphique de Boberg, 1939.

La reconstitution de Boberg permet de mieux distinguer les cinq petits esclaves qui s'affairent au second plan et tous les autres éléments décoratifs du fronton ;

   - les deux volatiles du coin gauche, la servante qui tresse une couronne à partir d'une bannette posée sur le sol, celle qui se retourne avec naturel, les mains sur les hanches.

   - à droite du couple central, un esclave nu va chercher du vin au grand stamnos. Les deux vases posés à côté. 

   - accrochés au mur du fond, une cithare et une sorte de panier en vannerie.

D'un copiste à l'autre : de Boberg à Gatti. 

Il se trouve qu 'Augusto Guido Gatti (1863-1947)* autre copiste, a réalisé un calque (relevé au crayon) de la servante qui confectionne une tresse : voulez-vous le voir ?

*Un corpus récent des oeuvres de ce copiste a été publié en 2017 (ouvrage en italien)

Calque de Gatti (Musée National de Florence, photo de F. Guerini)

3) Dans la tombe des Enfers (dell'Orco) IVè s. av. J.C.

Boberg nous offre ce très beau portrait en pied de CHARUN dont voici l'original :

Grâce aux précisions de Boberg, on perçoit mieux l'aspect démoniaque de ce personnage des Enfers étrusques !

Rappel :

A SUIVRE