L'Ile de Lemnos (N.O. de la Turquie) et N. de Mer Egée.
Il est vraiment ardu de remonter le cours de l'histoire des peuples de l'Antiquité, même aujourd'hui où l'on croit tout savoir sur nos terres occitanes. L'archéologie en marche depuis longtemps ne s'arrêtera pas de sitôt tout en progressant sûrement (mais lentement...)
A la "Recherche des Etrusques" prouve que, malgré quelques avancées, notre ignorance est encore grande concernant la civilisation des Tyrrhéniens, ses origines, et surtout, la signification exacte de son écriture...Au fil du temps, les trouvailles renforcent nos doutes et ne font qu'entretenir notre curiosité. Il est vrai qu'il n'y a plus d'urgence pour une civilisation désormais disparue depuis plus de 2500 ans (alors même que l'actualité du quotidien vient de révéler un tronçon de route étrusque en Corse, entre Aléria et l'étang d'Urbino !...)
C'est ainsi qu'à la fin du XIXè siècle fut trouvée une stèle funéraire qui fascina le monde savant dans la petite île grecque de LEMNOS (entre la Grèce et la Turquie) : LA STELE DE LEMNOS ...trouvée à Caminia.
L'écriture semblait apparentée à celle des Etrusques (alphabet étrusque archaïque) qu'on ne déchiffrait toujours pas...On croyait reconnaître certains mots...mais le déchiffrement de cette écriture est encore, même aujourd'hui, un défi permanent !
Par ailleurs, il existe plusieurs sortes d'alphabet étrusques et il est difficile d'en fixer l'évolution pour pouvoir le comparer à celui des textes lemniens de la stèle ( si ceux-ci sont vraiment du VIè s. av. J.C. !)...
De quoi s'agit-il ?
Sur cette stèle figure le tracé assez rudimentaire d'un profil de guerrier qui devait se tenir debout, la lance dressée devant lui et tenant un bouclier (?)
Dans les espaces laissés libres s'insèrent 3 textes :
Un texte au centre sur 4 lignes horizontales
Un texte à gauche (contre la lance) sur 2 lignes verticales
Un texte à droite sur une ligne verticale (recourbée en haut)
Attention, cette écriture archaïque se lit de droite à gauche et de gauche à droite ! (boustrophédon)
Pour le moment, les couleurs aident à suivre...mais tout n'est pas aussi simple !
Repérages :
Les mots sont séparés par deux points ou trois points (interponction) mais certaines coupures de mots seraient erronées (présence d'anomalies, erreurs du lapicide...)
La première ligne présente toutes les lettres inversées (voir les A à traverse montant dans le sens de l'écriture, les mu, les "r"...) par rapport à la seconde ligne.
La dernière ligne est à l'envers !
En fait ce texte de côté (trois lignes) paraît inintelligible : il est transcrit dans un alphabet un peu différent et répétitif par rapport au contenu des 3 textes de la stèle.
Devrons-nous nous contenter de constats d'évidence devant la globalité de ce message transmis à travers les siècles ?
Les lettres en rouge figurent dans les 3 lignes du texte rajouté quelques années plus tard (côté droit)
Si nous persistons à vouloir comprendre à tout prix le message laissé sur cette stèle funéraire, nous n'irons pas bien loin et serons vite confrontés aux contradictions habituelles d'experts...
La stèle du VIè s. av. J.C. comporte en tout 198 caractères formant 33 à 40 mots. Le lemnien et l'étrusque sont des dialectes d'une même langue à un degré inégal de développement (l'écriture étrusque, transmise par l'alphabet grec chalcidien existe depuis le VIIIè s. av. J.C.)
Le fait que l'écriture lemnienne "ressemble" à celle des Etrusques ne nous avance pas beaucoup puisque nous avons toujours aujourd'hui le plus grand mal à traduire l'une et l'autre !
Heureusement, nous savons que l'inscription de Lemnos constitue l'épitaphe d'un personnage honoré à plusieurs reprises par la communauté qui l'avait élu "maru" (magistrat suprême); il semble avoir aussi libéré les Lemniens d'une domination étrangère (perse à l'époque). Il s'agit donc d'une personnalité reconnue du nom de : holaies (Hylaios), d'origine phocéenne, probablement émigré...(?)
Nous n'irons pas plus loin dans l'analyse épigraphique des inscriptions de la stèle de Lemnos. Laissons les étruscologues patentés d'aujourd'hui à leurs recherches.
Une référence : Carlo DE SIMONE, 1996b et 2004 pour l'origine tyrrhénienne de l'alphabet lemnien.
Pour l'heure, nous n'avons toujours pas de Champollion pour la langue étrusque...