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A la recherche des Etrusques...
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L'art des situles (2)

L'art des situles (2)

    Après la situle de Certosa et par comparaison, on peut s'intéresser à deux autres situles : une des plus anciennes, la situle de Benvenuti trouvée à ESTE et celle de VACE, découverte en Slovénie. 

La situle de BENVENUTI  (vers 600 av. J.C)

 

Trouvée à la fin du XIXè siècle , dans la propriété Benvenuti à ESTE, en pays vénète, elle est représentative de la culture vénitienne du premier millénaire.

 Elle n'a pas d'anse mais porte un couvercle , faisant office d'urne cinéraire (dans une tombe féminine). La base est très dégradée. On note la jolie décoration florale du col et de l'épaule suivant la technique du repoussé ou embossage.

La panse comporte 3 registres horizontaux de scènes décoratives historiées, séparés par une suite de petites perles : des cordons à bossettes (ressemblant à des têtes de clous à tapisserie !).

 

La situle de Benvenuti en bronze (vers 600 an. J.C., H : 31 cm). Museo Nationale Atestino, ESTE.

 

 

 

Développé des registres décoratifs circulaires de la panse.

Développé des registres décoratifs circulaires de la panse.

       Premier registre : des scènes de vie quotidienne très variées avec des personnages à grands chapeaux et à chausses à bouts recourbés, des ustensiles (entre autres les fameuses situles, ici suspendues à un support ou à un cadre en bois), des végétaux, arbustes ou grandes fleurs, des animaux identifiables comme ce cheval qui renacle à se faire poser un fer par son maître tandis qu'un autre homme le tient en tirant sur une longe ... Un trio en cercle boit et trinque ...Deux hommes dénudés luttent...

 Beaucoup d'animation et de réalisme dans cette séquence d'évocation de vie rurale...

       Mais juste derrière, on bascule soudain dans une autre dimension : on entrevoit un sphinx solitaire puis un centaure attaquant  par derrière un gros volatile fantastique; cet emplumé féroce semble tenir un poisson dans son bec et s'enfuir.. (allusion à un thème mythologique ou fantaisie cauchemardesque de l'imaginaire ?)

   

Le registre central présente uniquement une théorie d'animaux allant de droite à gauche dont certains sont réels (des chiens, des loups, des cerfs, des capridés, des lions, un taureau) et d'autres, fantastiques (une chimère, une sphinge, un lion ailé),  en alternance et séparés par de hauts végétaux très variés. Une vision de l'au-delà ou une présentation traditionnelle et convenue d'un décor orientalisant ?

 

     Le dernier registre présente plusieurs scènes animées :

  Nous distinguons un défilé de guerriers, certains coiffés d'une crête (?), munis de lances et de boucliers ronds : des hoplites revenant victorieux avec leurs prisonniers aux mains entravées. 

 

 

      Un guerrier casqué armé d'une lance suit un char à cheval conduit par un aurige ...

 

      Enfin une dernière scène épique ; un autre guerrier attaque à la lance un homme dénudé qui tombe en arrière sur un arbuste du décor ( détail amusant !) et souffle désespérément dans une trompe en dernier recours...( l'ancêtre de Roland à Roncevaux ?)

 

Précisons que c'est grâce aux illustrations de Stéphane VERGER (article de l'Archéologue, n°107 d'avril-mai 2010) que nous avons pu montrer certains détails narratifs de cette situle de Benvenuti. Je l'en remercie.

Ce sont donc des moeurs et des combats contemporains du VIIè s. av J.C. qu'illustre et narre cette situle.

Leur signification, leur interprétation, restent pour nous plus qu'incertaines et toujours contestables.