Les prothèses dentaires (2)

Oui ! Les Etrusques aussi mordaient la vie à pleines dents !

L'archéologie nous en a apporté des preuves flagrantes : " l'examen des différentes collections ostéologiques en Italie qui proviennent de presque toutes les zones de peuplements étrusques connues a permis de répertorier plus de 1300 pièces ( 600 pour la seule nécropole de Pontecagnano" (sud de la Campanie)...

( Il faut se référer aux recherches et publications de Gaspare Baggieri et de Marina di Giacomo puis de Thierry et Sébastien Monier (L'Art dentaire chez les Etrusques, 1993).)

Parmi les ex-voto anatomiques découverts dans les fosses proches des sanctuaires où ils étaient exposés, ont été trouvées de nombreuses bouches votives en terre cuite peinte :

Les premiers témoignages de caries dentaires ont été retrouvés dans les vestiges du VIIè au IIè s. av. J.C. mais cette pathologie a beaucoup progressé du IVè au Ier s. av. J.C. (période hellénisante) car le régime alimentaire s'est enrichi...

L'extraction était le remède le plus fréquent mais les Etrusques ont vite perfectionné leurs connaissances acquises d'abord auprès des Phéniciens qui les tenaient des Egyptiens : les véritables pionniers.

Ligature phénicienne et prothèse étrusque (déjà une belle différence ! )

Il faut rappeler qu'à l'origine de la richesse économique étrusque, l'exploitation des mines et la métallurgie qui en découle ont joué un rôle fondamental dès le VIIè s. av. J.C..

Les artisans ont su travailler les métaux : le cuivre, le plomb, l'argent, l'étain et surtout l'or, matériau découvert comme étant biocompatible (précieux atout pour les prothèses dentaires).

Ils maîtrisaient les techniques du martelage, du poinçonnage, du filigrane et de la granulation qui requièrent une grande habilité manuelle. On a retrouvé surtout dans les nécropoles de Tarquinia, Populonia, de Chiusi, d'Orvieto, de Civita Castellana, de Palestrina, de Satricum, des appareils de contention, de ponts fixes pour remplacer ou sauvegarder des dents absentes.

Malheureusement, ces pièces exceptionnelles restent rares car elles étaient le plus souvent réservées à l'élite aristocratique; le rite funéraire de l'incinération coexistant en permanence avec celui de l'inhumation faisait fondre ou endommageait les prothèses; enfin les pilleurs, violeurs de tombes ( les fameux tombaroli) récupéraient tout objet en or...

Les contentions de Populonia et de Tarquinia (Musée archéologique de Florence, VIè- IVè s. av. J.C.)

Prothèses de Palestrina et de Satricum (VIIè et VIè s. av. J.C., Musée de la Villa Giulia)

Les prothèses de remplacement et les ponts étaient formés de bandeaux ou d'anneaux en or adaptés, soudés et rivetés.

Les mainteneurs d'espace étaient déjà connus entre le VIIè et le IVè s. av. J.C.

Certaines dents provenaient d'animaux : elles étaient façonnées, adaptées et polies pour éviter les blessures...

Exemple de mainteneur d'espace :

Collection Guerini, Photo Thierry Monier

Exemples de bridges : Collection du Centre Charles Godon, photo T.M)

Dent de prothèse en or avec ceinture métallique en or mou (martelé)

Appareillage destiné aux plus fortunés !

Il est vrai que l'alimentation jouant un rôle important en ce qui concerne l'état de la dentition, les caries font surtout leur apparition chez les consommateurs d'aliments sucrés; le sucre tel qu'il est connu aujourd'hui, n'existait pas mais le miel d'abeilles ou de dattes adoucissait certains plats (et aussi le vin) dans tout régime alimentaire méditerranéen.

Le pain, contenait parfois des particules de brique, de craie et même du sable, ingrédients utilisé pour concasser les grains de blé favorisant ainsi l'abrasion des dents...

Félicitons les artisans dentistes-prothésistes étrusques des époques orientalisante, archaïque et classique dont nous venons de présenter le travail grâce aux recherches et analyses de chercheurs spécialisés. ...Mais qu'en est-il aujourd'hui en 2021 ? Soit 2500 ans plus tard...

Voici une prothèse dentaire toute récente pour la mâchoire inférieure :

Les différences proviennent essentiellement des matériaux utilisés : les dents absentes en résine ont été moulées sur une pré-prothèse à base d'algues et la ceinture métallique est en alliage non précieux ( nickel-chrome ou chrome-cobalt ).

Il a fallu 5 séances d'environ 45 minutes pour concevoir cette prothèse contemporaine.

Prix de revient :

Voilà, vous savez presque tout !

Cette comparaison est-elle édifiante ? Je n'en sais rien !

Quoi qu'il en soit, les Etrusques et les Romains nettoyaient leurs dents en les frottant avec de l'urine...

C'est un peu mieux aujourd'hui...😁 😉

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