Les TARQUIN à l'aube de l'histoire de Rome (5)

Deux effigies imaginaires du Promptuaire des médailles (Promptuarii iconum Insigniorum) de Guillaume Rouillé . 1553.

TARQUIN L'ANCIEN (PRISCUS) et TARQUIN LE SUPERBE (le fier)

Toujours dans le cadre de notre étude sur quelques personnalités mémorables qui émergent d'une documentation foisonnante mais souvent fluctuante, controversée et lacunaire, voici encore des noms devenus célèbres par leur contribution à l'histoire étrusque mais aussi romaine.

Si Tarchon reste un personnage étrusque légendaire, les TARQUIN, originaires de Tarquinia apparaissent dans les annales de Rome en tant que rois de la fin de la monarchie (de 616 à 509 av.J.C.)

Il ne s'agit plus de "légende" mais de" tradition" avant de s'acheminer vers" l'histoire" proprement dite...

L'histoire de la dynastie des Tarquin est digne d'un roman qui s'inscrit tout à fait dans la lignée des épisodes sanglants et tumultueux de l'histoire romaine : meurtres, violences, tyrannie pour l'accession au pouvoir, la défense du territoire ou son expansion...bref, au fil du temps, toujours la même histoire !

A cette époque, pas de médias (!) mais un historien comme Tite-Live (Ier s. ap.J.C.) nous renseigne sur les Tarquin dans son HISTOIRE ROMAINE (L. I et II ) qu'on trouve en ligne...

Quelques précisions:

A partir de 753 av. J.C, avec la fondation de Rome par Romulus et Remus, les quatre premiers rois sont alternativement latins et sabins mais les trois derniers d'origine étrusque sont considérés comme historiques.

Rappelons donc cette liste de rois établie par Quintus Fabius Pictor, historien romain du IIIè s. av. j.C., sachant que la datation a été fixée par Varron au Ier siècle de notre ère.

Les rois latins et sabins :

ROMULUS (753-716)

NUMA POMPILIUS (715-671)

TULLIUS HOSTILIUS (671-640)

ANCUS MARTIUS (640-616)

Les 3 rois étrusques :

TARQUIN l'ANCIEN (616-578)

SERVIUS TULLIUS (578-534)

TARQUIN LE SUPERBE (534-509) (Attention superbus en latin =le fier !)

Deux remarques :

1. L'étruscologue Jacques Heurgon a fait remarquer que Porsenna, roi étrusque de Clusium (dont nous avons décrit le tombeau tant contesté dans notre article du 31 mars 2016), ne figure pas dans cette liste car il n'aurait régné que brièvement (508-507).

2. La fin de la monarchie étrusque ne signifie pas la fin de l'influence étrusque car d'autres magistrats apparaissent au-delà de la date repère de 509 (LARCIUS, HERMINIUS, AQUILIUS TUSCUS de 506 à 487.). 509 marque en effet l'avènement de la république...

Revenons enfin vers nos TARQUIN...

TARQUIN L'ANCIEN

Cinquième roi de Rome, il régna de 616 à 579 av.J.C.

Fils de DEMARATE, un riche commerçant de Corinthien qui s'installa à Tarquinia, aura deux fils d'une étrusque dont un certain LUCUMON.

Lui aussi épouse une étrusque de Tarquinia, une aristocrate très ambitieuse,la célèbre TANAQUIL (alias GAIA CAECILIA) qui le pousse à émigrer vers ROME. Là, s'étant rendus sur le mont Janicule, tous deux sont témoins d'un prodige : un aigle enlève la coiffe de LUCUMON et...la remet en place ! Facile interprétation pour nos deux étrusques : Lucumon deviendra roi...

En effet, devenu favori d'ANCUS MARTIUS, il va lui succéder sous le nom de LUCIUS TARQUINUS PRISCUS ( l'Ancien en latin), évinçant les deux fils de son prédécesseur grâce à une "campagne électorale" riche en discours séduisants pour la plèbe.

Elu en 616 avec une forte majorité, il fait preuve d'habilité politique en s'assurant le soutien de cent sénateurs et en distribuant des terrains autour du forum à des particuliers.

Son règne de 37 ans est riche en réalisations urbanistiques :

il fait construire le grand Cirque (Circus Maximus), organise des jeux, crée les rites du triomphe, débute la construction du temple de Jupiter Capitolin, bâtit des murailles autour de la ville, creuse des égouts (Cloaca Maxima), assainit les bas quartiers et réalise l'assèchement des marais entre le Palatin et le Capitole, zone qui deviendra le Forum Romain.

Militairement, il s'en prend aux Sabins qu'il finira par vaincre, prendra plusieurs villes aux Latins avant de conclure une paix avec eux.

Il soumettra aussi plusieurs villes étrusques ! C'est pourtant lui qui a introduit à Rome bien des caractéristiques de cette nation encore dominante à l'époque (les insignes de la royauté : le sceptre, la couronne, l'anneau d'or, les faisceaux des licteurs dans les cortèges...) et ceci à tel point que les historiens grecs contemporains faisaient de Rome une colonie tyrrhénienne !

En 579, il est cependant assassiné par deux bergers au service des deux fils autrefois humiliés d'Ancus Marcius...Triste revers du destin...

Certes, les meurtriers seront châtiés et les fils d'Ancus, exilés.

Tanaquil, de son côté, toujours active politiquement, avait donné un pouvoir important à son gendre, SERVIUS TULLIUS ( le fameux MASTARNA ! cf. article du 14 mai 2016 ) qui va lui succéder.

A SUIVRE