De in Italia graecorum migratione

12 Janvier 2021

Notre voyage virtuel en Grande Grèce, entrepris pour découvrir les rapports que pouvaient avoir les Etrusques avec les colons grecs installés sur leur propre territoire de colonisation du VIIIè au Vè s. av. J.C. se poursuit.

Quelques réflexions préalables

Une pause en Campanie (7articles !) était nécessaire car cette région si riche intéressait beaucoup les deux civilisations en question (sans parler des peuplades indigènes ! ) et constituait une pierre d'achoppement inévitable au fil du temps. Plutôt cordiales dans un premier temps (entre Capoue et Cumes par exemple), on peut se demander si les relations avec les autres cités grecques au développement spectaculaire (Tarente, Métaponte, Siris, Sybaris, Thurii, Crotone, Locri, etc.) étaient de même nature : quel parti les Tyrrhéniens pouvaient-ils espérer encore tirer d'une fréquentation amiable avec ces sites portuaires sur la mer ionienne ? N'étaient-ils pas déjà suffisamment "hellénisés" ?

Les cités de la Magna Grecia (Photo Wikipédia)

Il serait fastidieux et vain de présenter dans le détail les richesses de chaque implantation grecque en s'interrogeant sur l'intérêt que chacune pouvait offrir aux yeux des Etrusques. On peut penser que ceux-ci avaient constaté l'occupation des lieux, la mise en valeur de terres qu'il n'exploiteraient jamais et qu'il valait mieux composer (c'est-à-dire commercer) plutôt que conquérir; bref, l'arrivée de cette vague de migrants au VIIIè s. av. J.C. sur la côte ionienne allait marquer les limites de leur expansion méridionale.

Pour mémoire :

VIIIè s. av. J.C. : 770 ( Chalcidiens à Pithécusses et 750 : Fondation de Cumes)

: 708 ( Lacédémoniens fondent Tarente)

VIIè s. : Les Achéens (Péloponnésiens d'Achaïe et de Laconie) fondent Sybaris et Crotone qui essaiment à Métaponte et à Siris. Création de comptoirs commerciaux plus au sud, à Terina, Laos, Pixus. En Campanie, Poseidonia (Paestum);

: Les Rhodiens, Mégariens et Crétois fondent Locri....etc

N'avançons pas trop vite car il y a déjà là belle matière à réflexion. Les évènements consécutifs à cette première vague d'installations sont considérables. Le siècle suivant apportera des bouleversements annonciateurs de graves conflits entre les peuples présents sur tout le territoire...

Apport d'une grande variété de dialectes :

Ces dialectes s'ajoutent évidemment à ceux des peuples indigènes des régions concernées.

Résistance et permanence de la présence étrusque

Juste un exemple...

Juste

Cette carte récente (2013-14) de distribution des vases en bucchero (marqueur essentiel de la présence étrusque)

Info Academia Edu.

A gauche en grisé : la Campanie.

Une recherche chronophage

Seule l'Histoire peut apporter quelques réponses, confortée par la recherche archéologique passée et par celle toujours en cours.

Le programme de recherches en Italie du sud est vaste et suscite aujourd'hui l'intérêt non seulement des seuls spécialistes mais aussi celui du public attiré par les superbes expositions réalisées par les chercheurs italiens. Cependant, pour qui s'intéresse à cette situation historique bien précise de l'Italie du sud antique, grande est la difficulté d'approche car on se trouve vite confronté à une abondante bibliographie devenue internationale. Le paradoxe est là : l'absence ou la pauvreté de la documentation maintes fois regrettée qui constituait autrefois un handicap constitue maintenant un nouvel obstacle alors même qu'elle est devenue d'une richesse excessive ! C'est un comble ! Autre constat : les informations livrées au fil des communications ou des mises au point archéologiques restent très techniques et parcellaires. Rares en effet sont les ouvrages de synthèse (surtout en traduction française ! ) pourtant nécessaires à la compréhension du phénomène d'assimilation des peuples ou ethnies, de l'osmose inévitable des civilisations en présence dans cette partie de l'Italie antique.

Un tel engouement pour l'histoire de la Grande Grèce est-il justifié ? Certainement, car c'est non seulement l'histoire même d'une expérience migratoire qui est en cause mais aussi, au vu des conséquences, l'explication de la destinée fatale de la civilisation étrusque liée à l'avènement du pouvoir des Latins...