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A la recherche des Etrusques...
A la recherche des Etrusques...
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2 . Spina

2 . Spina

Composition Nonoss. 2018

 

      Avant que je ne m'égare à la recherche du monde perdu de la culture des situles étrusco-celto vénètes en Slovénie, il me faut revenir aux limites de la zone d'expansion padane,  là où les Etrusques avaient un port adriatique d'import-export d'importance dans la delta du Pô : SPINA.

Ce port était relié à la mer Adriatique par un canal dérivé du Pô et il est fort probable qu'il fut grec ("polis Hellenis") avant d'être étrusque,  disons ...un emporium gréco-étrusque

La présence importante des Grecs confère à la cité un caractère hellénique, attesté par un petit édifice de Delphes (un thesauros) contenant les dédicaces de la cité de Spina à Apollon.

 

Spina et la région du delta du Pô (carte dans Cités Etrusques, 1975)

 

L'habitat, près de Comacchio, fut découvert en 1922 lors de travaux de drainage qui révélèrent les nécropoles dans les bassins lagunaires de VALLE TREBBA et de VALLE PEGA. Des fouilles plus récentes ont repris de 1953 à 1960, révélant une multitude de tombes.

   Au VIè s. av. J.C., Spina, port-canal, fut creusé pour assurer la liaison entre la mer et la lagune où se trouvait la cité dont les habitats (sans doute sur pilotis) étaient à l'origine dispersés. C'était une zone d'accostage et d'échanges sur des itinéraires de navigation méditerranéenne mais surtout grecque.

Ajoutons que le site bénéficiait aussi de sa position stratégique nord-ouest puisqu'il se trouvait au confluent de routes fluviales (Pô et Reno) et terrestre (en liaison avec Ferrare, Mantoue et Bologne).

        Spina va prospérer au Vè et IVè s, pour décliner au IIIè, sous la pression des invasions gauloises.  Elle sera submergée au Ier s. av. J.C., devenant une cité engloutie (d'où sa découverte tardive au début du XXè siècle... )

On imagine facilement la difficulté du travail des archéologues qui devaient mener leurs recherches sous plus d'un mètre de profondeur !

Quand on visite le musée archéologique de Ferrare, il faut croire que leurs efforts ne furent pas vains...

Collection exceptionnelle de vases attiques dans les salles du musée de Ferrare, provenant des tombes de Spina. (photos du Musée)
Collection exceptionnelle de vases attiques dans les salles du musée de Ferrare, provenant des tombes de Spina. (photos du Musée)
Collection exceptionnelle de vases attiques dans les salles du musée de Ferrare, provenant des tombes de Spina. (photos du Musée)
Collection exceptionnelle de vases attiques dans les salles du musée de Ferrare, provenant des tombes de Spina. (photos du Musée)
Collection exceptionnelle de vases attiques dans les salles du musée de Ferrare, provenant des tombes de Spina. (photos du Musée)
Collection exceptionnelle de vases attiques dans les salles du musée de Ferrare, provenant des tombes de Spina. (photos du Musée)
Collection exceptionnelle de vases attiques dans les salles du musée de Ferrare, provenant des tombes de Spina. (photos du Musée)
Collection exceptionnelle de vases attiques dans les salles du musée de Ferrare, provenant des tombes de Spina. (photos du Musée)
Collection exceptionnelle de vases attiques dans les salles du musée de Ferrare, provenant des tombes de Spina. (photos du Musée)

Collection exceptionnelle de vases attiques dans les salles du musée de Ferrare, provenant des tombes de Spina. (photos du Musée)

         Du Vè au IVè s. av. J.C., les vases attiques à figures rouges abondent dans les sépultures de Spina (environ 4000 tombes !) mais progressivement, la poterie attique est remplacée par celle plus utilitaire d'Etrurie; les vases de bucchero plus petits sont aussi plus faciles à transporter. La poterie grecque diminue donc au profit des céramiques locales (surtout la poterie nord-adriatique).

       Les nécropoles de Spina révèlent le goût des élites pour les vases de prestige (surtout les grands cratères à volutes) dont l'abondance donne aussi un aperçu de l'ampleur des échanges entre producteurs et consommateurs de céramique à thèmes mythologiques (cf. BEAZLEY, Spina e la ceramica greca, 1959).

       Mais si les vases grecs occupent une place prépondérante dans l'espace muséal à Ferrare, on trouve aussi une importante production locale de terres cuites, de bijoux en or, d'ornements en pâte de verre et d'ambre, des statuettes, des candélabres. des trépieds en bronze ou en fer, de la vaisselle en bucchero en abondance...

2 . Spina2 . Spina

Et puis cette reconstitution d'emplacements de tombes plus humbles marquées par des galets sur le sable de la lagune nous renvoie à certaines réalités...

Reconstitution de tombes à Spina (Musée de Ferrare).

 

Les fouilles les plus récentes ont été menées par Salvatore AURIGEMMA (cf. La necropoli di Spina in Valle Trebba, 1960).

Pour une approche de ses premières fouilles, lire :

Journal des Savants, nov.-déc. 1936

.http://www.persee.fr/doc/jds_0021-8103_1936_num_6_1_6192

     S'agissant du vaste site vénitien de Spina, construite sur un canal dérivé du Pô, signalons le remarquable travail des Etrusques en matière d'"aménagement du territoire", c'est-à-dire le drainage et l'hydraulique, travail attesté par la dérivation du fleuve Sagis, le creusement du canal d'accès au port vers la cité et celle, à 15 km plus au nord d'ADRIA, avec forçage du courant et digue en brise-lame ! Voilà qui force l'admiration !

Nous ne quitterons pas l'Etrurie padane avant d'évoquer la fondation de Marzabotto, cité remarquable pour son nouveau modèle d'urbanisme. 

A suivre