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A la recherche des Etrusques...
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3. KAINUA

3. KAINUA

Vue du quartier résidentiel de Marzabotto (Vè s. av. J.C.)

Vue du quartier résidentiel de Marzabotto (Vè s. av. J.C.)

La cité de Marzabotto, au sud de Bologne, sur le fleuve Reno, s'appelait KAINUA en étrusque.

Montage photos de Nonoss. (2018)

 

     La cité de Marzabotto/Kainua (< gr.kainos : neuf, nouveau) fut fondée au VIè s. av. J.C. entre la plaine de Misano et la colline de Misanello; elle dominait la rivière Reno et jouissait d'une position stratégique sur un axe de communication très fréquenté reliant l'Etrurie Tyrrhénienne et l'Etrurie padane où transitaient tous les produits commerciaux d'import-export vers Spina et Adria.

 

L'Etrurie padane

     D'abord modeste village de huttes, Kainua devient au Vè s.av. J.C. une cité pourvue d'une acropole, d'un aqueduc, de plusieurs sanctuaires, de deux nécropoles et d'un système d'égouts très élaboré.

L'avancée des Celtes en Italie du nord dès le IVè s. av. J.C. (les fameux Boïens envahisseurs de Felzna/Bologne) puis la domination romaine feront disparaître ce centre commercial bien urbanisé à la fin du IIè s. av. J.C. contribuant à l'abandon du site.

 

Photos du site internet "La cité étrusque de Marzabotto". Mise en ligne en fév. 2016.Photos du site internet "La cité étrusque de Marzabotto". Mise en ligne en fév. 2016.Photos du site internet "La cité étrusque de Marzabotto". Mise en ligne en fév. 2016.
Photos du site internet "La cité étrusque de Marzabotto". Mise en ligne en fév. 2016.Photos du site internet "La cité étrusque de Marzabotto". Mise en ligne en fév. 2016.

Photos du site internet "La cité étrusque de Marzabotto". Mise en ligne en fév. 2016.

Sur ces photos de 2015, on voit les vestiges de l'acropole, deux vues de la nécropole est et deux autres des égouts...

Mais ce qui nous intéresse surtout c'est l'agencement particulier de l'habitat.

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   L'habitat de Kainua comprenait deux parties : l'Acropole au N.O., site sacré sur la butte de Misanello) et un réseau de rues sur la partie la plus plate, celle du plateau de Misano.

Sur le plan ci-dessus, on distingue l'Acropole (qui comportait 3 temples et 2 autels).

      Sous ses pentes ont été trouvées les installations d'un système hydraulique perfectionné (décrit par Mansuelli), un circuit complet d'adduction et d'évacuation d'eau provenant d'une source captée au flanc de la colline. L'eau passait par des puits de décantation , était recueillie dans un canal d'adduction, et partait ensuite vers les canalisations pour alimenter la ville basse.

L'évacuation des eaux usées se faisait vers un égout courant le long de la rue rejoignant des canalisations ouvertes ou souterraines. Les rues les plus larges comportaient même un égout de chaque côté de la chaussée.

 Il y a de quoi être étonné par la perfection du système et par la coordination des domaines publics et privés de cette hydraulique urbaine étrusque au VIè et Vè s. av. J.C. pour un ensemble d'environ 100 ha !

Système d'écoulement et d'évacuation des eaux
Système d'écoulement et d'évacuation des eaux

Système d'écoulement et d'évacuation des eaux

Plan d'une maison (casa 2) de MARZABOTTO (phot. article de Romolo Augusto Staccioli dans Dossiers de l'archéologie, n° 24, 1977.

Pas d'orientation ni de dimensions pour ce plan illustrant l'article de Staccioli qui a pourtant écrit : Sur la structure des murs dans les maisons de la ville étrusque de Misano à Marzabotto (1967).

 

 

Sur ce plan, nous arrivons cependant à la situer le long d'une avenue principale: la casa n°2

 

On y reconnaît au centre un grand espace d'atrium avec un puits, les restes d'un bassin alimenté par un conduit en partie couvert pour l'adduction ou l'évacuation de l'eau et de nombreuses pièces de différentes dimensions. L'espace est vaste et semble correspondre à celui d'une fabrique ou d'un grand atelier, plus qu'à celui d'une maison de particulier. 

      L'urbanisation de Kainua répond et s'adapte aux nécessités du terrain mais toujours suivant le rituel religieux et sacré (l'etrusco ritu et l'urbs justa : suivant le rite étrusque et la cité juste). Les romains reprendront cette tradition étrusque lors de la fondation d'une de leur colonie à COSA, au IIIè s. av. J.C.

Urbanisation et rituel sacré.

      Ici, le réseau viaire est rigoureux : les axes s'y croisent à angle droit dégageant des îlots d'habitation (les insulae) d'une longueur constante (165 m) et des largeurs variables de 35, 40 et 68 m. L'ensemble était orienté à partir d'un point central où se croisaient le cardo (16 m de large) et le decumanus (environ 6 m). Ce quadrillage délimitait des maisons dont les fondations qui subsistent sont en briques crues et les murs en pierres sèches,  grossières. On a reconnu de vastes cours entourées de petites pièces, d'ateliers ou d'officines métallurgiques, de fonderies, de potiers qui prouvent la grande activité de la cité (surtout au Vè s. av. J.C.) bien que celle-ci fût éphémère...On a pourtant la sensation que régnait à l'époque une politique de grands travaux d'urbanisme facilitant l'essor économique de cette cité plus"industrielle" et artisanale qu'agricole...

Ce plan orthogonal s'inspire évidemment du modèle grec (celui d'Hippodamos de Millet) emprunté par les Etrusques mais une surprise attendait l'archéologue G.A. Mansuelli en 1963...

 

         S'ils se sont inspirés des grecs pour cette urbanisation, disons en terrain plat, les Etrusques , "les plus religieux des hommes", n'ont pas pour autant oublié leur propre rituel de fondation. 

        En effet, en creusant sous le carrefour des rues principales de la ville, Mansuelli a trouvé dans une fosse 4 gros galets dont un gravé d'une croix d'orientation, le "decussis", appellation donnée par analogie avec la monnaie romaine valant 10 as marquée d'une croix en X).

Ce galet marquait l'endroit où la construction de la cité a commencé: c'est donc l'icône matérielle du rituel proprement étrusque de sa fondation.

Galet gravé d'une croix d'orientation enfoui lors de la fondation de Kainua

Pour in formation complémentaire : http://www.mondedelabible.com/le-site-de-marzabotto-eclaire-la-religion-etrusque/

Autres rituels:  Présence d'un mundus et traces d'un auguraculum sur l'acropole.

Le "mundus", un puits de 5 m de profondeur, creusé dans ce podium(4 X4 m) situé sur l'acropole.

 

       En matière de rituels, rappelons que les fouilles du XIXè siècle avaient déjà révélé sur l'aire sacrée de l'Acropole la présence d'un mundus, un puits (axe vertical) où l'on déposait les offrandes aux divinités chtoniennes et infernales et plus généralement, où l'on communiquait avec les dieux. C'est sur ces mêmes lieux qu' avaient été signalées des traces de structure particulière, celle de l'auguraculum, lieu où les augures prenaient les auspices lors de la fondation d'une ville.

Ainsi, Kainua, ville nouvelle au plan établi suivant l'urbanisme grec, avait néanmoins été aussi fondée "etrusco ritu", c'est-à-dire suivant le rituel étrusque prescrit dans les libri rituales.

 

A SUIVRE