Les Etrusques en Corse.(1)

Adepte depuis toujours de chasse et d'archéologie sous-marines, j'ai passé de nombreuses vacances en Corse. Je savais aussi que les Etrusques avaient colonisé l'île avant les Romains. Cette année-là, nous avions une location près d'Aléria, dans la plaine orientale.

Août 1987. Au fort de Matra sur les hauteurs de l'Aléria antique.

Le fort génois de Matra ( reconstruit) abrite le musée Jérome Carcopino.

Vue du fort sur la plaine orientale...

1987.

14h. Il fait très chaud mais je suis bien au frais à l'abri des murs épais du fort, avec une vue splendide sur les vignes à l'ouest et sur la mer à l'est. 0n aperçoit au loin les étangs de Diane, d'Urbino et del Sale.

Pendant que tous font la sieste, j'attends le conservateur M.JEHASSE avec lequel je vais visiter le musée Jérôme CARCOPINO. Je pourrai peut-être employer mon temps de loisir à rédiger quelques commentaires sur les pièces étrusques qui m'intéressent....

J'ai gardé un souvenir ému de ce séjour-là où j'ai eu la chance de pouvoir conjuguer deux passions : la mer et les Etrusques.

Venons-en au site même. Voici quelques vues des fouilles alternant avec les vitrines du musée.

Petite histoire...

En contrebas du fort sur sa colline,on aperçoit le chantier de fouilles.

Le site avait d'abord été repéré par Mérimée dès 1840. Ce n'est qu'à partir de 1971, grâce à l'insistance de Jérôme Carcopino ( historien corse de la Rome antique ) en 1969 que les fouilles préhistoriques on révélé un habitat continu depuis le Néolithique.

L'île sera d'abord colonisée par les Phocéens vers le VIème s.av.J.C.qui devront quitter les lieux en raison des réactions autochtones mais aussi de celles des Etrusques et des Carthaginois. Pourtant leur influence a été considérable et persistera pendant toute l'Antiquité; aujourd'hui encore la ville corse de Cargèse ( côte ouest ) atteste et perpétue leur souvenir.

Suivront les Etrusques et les Romains à partir du IVème s.av.J.C., puis les Puniques.

Les Etrusques ont prospecté l'île et installé des bases (les KURNIATA) qui leur permettaient d'exiger des tributs de miel, de cire et des résineux. Ils ont introduit des techniques agricoles et métallurgiques, creusé des canaux, élevé des digues, procédé à des assèchements et des irrigations. Ils ont aussi apporté leur alphabet retrouvé par l'étruscologue Jacques HEURGON sur de nombreux graffites d'Aléria.

Les curieux pourront lire avec profit ses commentaires très intéressants sur 113 graffites dans l'ouvrage de Jean et Laurence JEHASSE : La nécropole préromaine d'Aléria Etude des graffites par Jacques Heurgon ( xxvème supplément à "Gallia" 1973. Editions du CNRS.

C'est d'eux aussi que les corses, encore aujourd'hui, tiennent leur sens du sacré, leur religiosité et leur crainte de l'au-delà.

Les bases installées servaient de comptoirs et leur permettront de naviguer vers la Sardaigne et l'Afrique...

De l'Etrurie à la Corse...