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A la recherche des Etrusques...
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La maîtrise des eaux en Etrurie padane (1)

La maîtrise des eaux en Etrurie padane (1)

Le fleuve FIORA dans le parc archéologique de Vulci.

Le fleuve FIORA dans le parc archéologique de Vulci.

  Notre admiration pour le peuple étrusque auquel nous découvrons tant de talents dans bien des domaines nous conduit à penser qu'il a été précurseur de bon nombre de techniques, reprises, remaniées puis perfectionnées par les Romains.

  C'est ainsi qu'on passe souvent trop vite sur l'apport considérable des "ingénieurs" étrusques en matière d'hydraulique et de gestion des eaux en général.

  Toute synthèse sur les travaux réalisés reste aléatoire vu la lente progression des découvertes archéologiques et la carence en documents mis à notre disposition.

  Il faut se contenter des observations ponctuelles faites sur certains sites que nous avons déjà abordés : je pense à Spina, à Marzabotto (Kainua)au nord, à Chianciano Terme, à Pérouse, à Vulci, à Véies jusqu'à Rome plus au sud...

  L'information, quand nous la recherchons, paraîtra dispersée au fil des rares révélations consenties par les archéologues officiels toujours soucieux d'exclusivité.

  Par bonheur, on pourra lire avec intérêt une étude de l'ingénieur des Travaux Publics Jacques Bonnin : Les hydrauliciens étrusques : Des précurseurs ? (La Houille Blanche, 1973), heureuse synthèse à l'inverse du disparate des publications officielles :

https://www.shf-lhb.org/articles/lhb/abs/1973/06/lhb1973044/lhb1973044.html

L'archéologue Yves Liébert (de Limoges) qui s'intéresse aux Etrusques a publié un article dans la revue du Centre Piganiol, Caesarodunum XLI, 2009 p 297-312 qui aurait pu nous documenter :

  Vie au bord de l'eau et maîtrise des eaux dans le monde étrusque

Cette archive reste malheureusement inaccessible...

 

Le domaine d'exploration est vaste :

  • L'alimentation en eau
  • L'assainissement et le drainage
  • Le matériel hydraulique
  • L'hydraulique fluviale et maritime...

 Dans le cadre de ce blog, nous n'avons pas vocation à présenter une synthèse de tous les travaux hydrauliques étrusques connus actuellement mais nous pouvons présenter quelques exemples de leurs réalisations. 

 

     L'approvisionnement en eau conditionne l'implantation des habitats primitifs près des sources ou des cours d'eau mais en Etrurie les difficultés sont surtout liées aux zones maritimes basses (delta du Pô et Maremme) souvent lagunaires, marécageuses et insalubres ou aux villes perchées sur les collines en position défensive donc difficiles d'accès.

   Rappelons ce qui a été fait en Etrurie padane :

SPINA (voir l'article du 10/01/2018)

   Vaste site vénitien et port adriatique import-export dans le delta du Pô au IVè s. av. J.C., Spina est un port-canal dérivé du Pô, creusé et aménagé pour une liaison entre mer et lagune, une cité sur pilotis très prospère jusqu'au Ier s. av. J.C. puis peu à peu engloutie...

   Il s'agit là d'un remarquable travail de régularisation du fleuve Sagis vers Spina et vers Adria (à 15 km plus au nord) par le creusement de canaux avec forçage du courant et construction de digues en brise-lame. La cité elle-même édifiée sur une butte émergeant du lagon a été renforcée et périmétrée par de massifs piliers de bois s'enfonçant dans l'argile et la vase... Une petite Venise avant l'heure, avec réseaux de communications creusés à mains d'hommes suivant un tracé à quadrillage rectangulaire et orientée N/S, E/O (comme à Marzabotto-Kainua).

Affiche d'exposition à Bologne (1960)

 

MARZABOTTO-KAINUA (voir aussi l'article du 27/01/2018)

          Les recherches entreprises sur les travaux d'urbanisation de cette cité au sud de Bologne, proche du Reno ont révélé la qualité du système d'alimentation, de distribution et d'évacuation en eau des espaces publics et privés.

   L'habitat comportait deux parties : une partie haute sur l'acropole (espace public) et une partie basse sur un plateau comportant le réseau des rues, ateliers et maisons privées.

   Sous les pentes de l'acropole se trouvait une installation hydraulique partant d'une source captée au flanc de la colline, passant par des puits de décantation, l'eau étant recueillie dans un canal d'adduction et distribuée ensuite vers des canalisations de la ville basse. 

   Les eaux usées allaient vers un grand égout collecteur par des canalisations parfois pavées, ouvertes ou souterraines puis évacuées vers la rivière Reno.

 

 

 

Canalisations, tuyauterie, puits...(Musée de Marzabotto)Canalisations, tuyauterie, puits...(Musée de Marzabotto)
Canalisations, tuyauterie, puits...(Musée de Marzabotto)Canalisations, tuyauterie, puits...(Musée de Marzabotto)

Canalisations, tuyauterie, puits...(Musée de Marzabotto)

  Les urbanistes étrusques ont su exploiter les pentes et les dénivellations du terrain pour installer les canalisations et faciliter l'écoulement des eaux.

  Des ateliers de potiers, de tuilerie, de métallurgie, de bronziers, installés en ville non loin des sources pouvaient ainsi en profiter. On a trouvé des puits dans les cours centrales...

 

 

 

Puits individuelsPuits individuels

Puits individuels

Plan de maisons avec murs extérieurs entourés de canalisations

 

 Ces informations proviennent du rapport de fouilles de Guido A. Mansuelli, surintendant aux Antiquités d'Emilie Romagne dès 1960 qui a suggéré des pistes de recherches exploitées, encore actives aujourd'hui.

Cf. Marzabotto. Dix années de fouilles et de recherches (Mélange de l'Ecole française de Rome, 1972)

https://www.persee.fr/doc/mefr_0223-5102_1972_num_84_1_920#

 

L'activité économique essentiellement artisanale de la cité de Marzabotto- Kainua au VIè s. av. J.C. se trouve ainsi révélée mais l'ingéniosité des hydrauliciens étrusques qui se sont succédés pour faire face aux demandes publiques et privées des habitants, commerçants (et instances religieuses...) au fil du temps nous stupéfie encore aujourd'hui.