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A la recherche des Etrusques...
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Miroirs étrusques (2)

Miroirs étrusques (2)

Droit et revers d'un miroir à manche de Volterra (IIIè-IIè s. AV J.C.) H : 24,2 cm. Collection Antoine Vivenel au Museum Etrusque de Compiègne.

 

      Exemple de miroir à manche en bronze d'une belle patine (dorée et cuivrée), au manche très travaillé mais  dont  la scène gravée sur l'autre face paraît inachevée et donc bien décevante...

LE MANCHE :  Remarquable !  Il est massif, fondu en même temps que le disque ciselé en perles. Talon orné d'un losange nervuré suivi d'une succession de bourrelets annelés du plus bel effet. Il se termine par un protomé (tête en relief) d'animal, de cervidé...

LE MEDAILLON : Face à face, deux personnages masculins à tuniques courtes au tissu épais et raide, portant des bonnets phrygiens (le pilos) et appuyés sur leurs boucliers. En haut, une étoile à 4 branches qui permet d'identifier les deux personnages comme étant les Dioscures, Castor et Pollux, divinités de lumière. Ceux-ci figurent dans certaines tombes pour accompagner et protéger l'âme du défunt dans l'au-delà. 

       Le dessin est vraiment rudimentaire, très simplifié voire négligé (ou non terminé). Il s'agit peut-être d'une production funéraire en série.

      Ce qui frappe, c'est le soin et la précision apportés à la décoration du manche au droit du miroir et la négligence, le peu d'attention portés à la gravure du revers...

 

En voici un autre exemplaire avec les Dioscures, au revers un peu plus garni : présence d'un bandeau annelé.

Musée du Louvre (IIIè s. av. J.C.)

Le manche en revanche est moins travaillé et se termine par une petite tête de bélier...

A l'inverse, voici une gravure de miroir particulièrement élaborée montrant  les préparatifs de la toilette d'une dame (ou d'une déesse ?)

Miroir massif à pied ou à manche-statuette. Collection Dutuit, Petit-Palais. Phot. Histoire de l'Art n°27, p 216-217. Povenance : Palestrina.

 

 

Manche-statuette pouvant représenter TURAN, déesse-mère, protectrice de la femme, de l'amour et des animaux.

Le socle a été rajouté par souci de stabilité pour la présentation du  miroir...

Il s'agit cette fois d'un miroir à pied en forme de statuette ( diam. 18,2 cm. H. totale : 41,6 cm, disque et statuette)

L'iconographie très variée des miroirs correspond aux exigences de la clientèle étrusque à majorité féminine : dames à leur toilette, scènes mythologiques illustrant des récits légendaires grecs ou de mythes locaux.

 La frise qui orne le bandeau (banquet divin très animé) est typiquement étrusque; le médaillon s'inspire de modèles grecs. 

Illustration fournie par Denise Rebuffat (1976)

 

          Tout d'abord, remarquons la disposition harmonieuse des personnages bien répartis dans le médaillon, placés en symétrie par rapport au personnage central.

Grande précision du tracé et profusion de détails vestimentaires (coiffures, diadèmes, bijoux); attention portée aux animaux (pelage du cerf, plumes de l'oiseau) et aux objets décoratifs (paniers tressés, même si la perspective n'est pas respectée...)

LE BANDEAU : décoré d'une frise de 6 personnages en banquet divin.

De gauche à droite : trois génies ailés et nus mais chaussés ! 

  • L'un porte un alabastre, une bandelette
  • Un autre un large collier à 3 bulles
  • Le troisième avec une couronne et un bracelet très grossi

Suivent 6 personnages du banquet avec TINIA (le Zeus étrusque) presque au centre, buvant à une coupe. La scène est très vivante...

  • Un jeune esclave nu joue de la double flûte (chaussé aussi)
  • Deux hommes torses nus discutent, la main levée (l'un tient une coupe ombiliquée)
  • Deux autres entourent Tinia et lui parlent...

 

Enfin trois génies ailés :

  • L'un tient une sorte de couverture ou de tapis enroulé
  • L'autre arrive avec une couronne
  • Le dernier porte un alabastre

Remarquez qu'ils sont nus mais chaussés...

Tout en bas et au centre, au dessus du talon, une femme assise vêtue d'un himation, d'une tunique et parée de bijoux, sort un collier d'un coffret plat tenu sur ses genoux.

 

LE MEDAILLONCinq femmes  et un génie ailé, deux cistes et deux animaux.

       Des femmes assises parées de bijoux, coiffées de diadèmes, préparent la parure de celle qui semble bien être le personnage central de la scène, objet de toutes les attentions : la déesse Turan ? (l'Aphrodite étrusque, selon Denise Rebuffat). Le génie ailé participe aussi aux préparatifs de la parure en tendant un bijou qu'il a sorti d'un coffret. A ses pieds, un cerf allongé et une sorte de caille...

        Ce thème de la parure est très courant et devait plaire aux dames; de nombreux miroirs présentent le même type de scène gravée avec toutefois des variantes : plus ou moins de personnages (identifiés parfois par des inscriptions) et d'animaux...  A noter que ce thème abondamment relayé se retrouve également sur la céramique italiote : vases lucaniens, campaniens ou siciliens de la seconde moitié du IVè s. av. J.C. 

LE MANCHE-STATUETTE :  De la même façon, la jeune femme à demi-dévêtue, une main ajustant ses cheveux , l'autre tenant le manche d'un miroir disparu, est un modèle courant dans la peinture sur céramique de l'époque. Il pourrait s'agir de Turan, déesse de l'amour et protectrice des animaux (d'où la présence du cerf et de la caille au bas du médaillon...)

Les motifs de prédilection se répètent grâce à des modèles d'atelier. Au fil du temps, la comparaison des thèmes de gravure a permis d'identifier certains ateliers et centres de production : VULCI, VOLSINIES et plus près de Rome, PALESTRINA.

 

Remarque : le commentaire de ce miroir s'inspire en partie de l'article de Denise Rebuffat :

Les miroirs étrusques de la collection Dutuit au Petit-Palais, 1976.  Persée.

https://www.persee.fr/renderIllustration/piot_1148-6023_1976_num_60_1_T1_0047_0000_1.png

 

A SUIVRE