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A la recherche des Etrusques...
A la recherche des Etrusques...
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Miroirs étrusques (1)

Miroirs étrusques (1)

Miroir étrusque à manche-statuette (Vè s. av. J.C.)

 

        Sources précieuses d'informations sur les croyances, les cultes, le panthéon, la vie quotidienne des Etrusques, les miroirs en bronze et leurs scènes figurées ont été très tôt répertoriés.

           Ils présentent une grande variété de formes, de dimensions, de styles, de scènes gravées depuis environ la fin du VIè s. av. J.C. où s'impose l'influence grecque jusqu'au IIè s. av. J.C. où ils se confondent avec les miroirs romains.

Les miroirs existaient depuis longtemps en Egypte et en Orient; ceux des Etrusques, trouvés dans les tombes ne sont en général ni vraiment originaux ni exceptionnels. Ils sont de plus si nombreux ((plus de 3000 !) et si courants qu'on les trouve partout en Europe à tel point que l'entreprise de leur classification est devenue internationale.  

  On hésite à les présenter car tout semble déjà avoir été dit à leur sujet par des spécialistes reconnus et puis la "lecture" de ces miroirs souvent oxydés est loin d'être facile. Il faut une connaissance érudite de mythologies conjointes pour identifier les personnages mis en scènes, interpréter leurs gestes, préciser les situations, établir des comparaisons...Bref, tout un chacun n'est pas en mesure de commenter d'emblée la scène gravée d'un miroir étrusque et d'en apprécier la valeur historique et artistique.

Ajoutons que pour les "non initiés",  la plupart des illustrations, des reproductions ou photographies des gravures ou ciselures de ces miroirs sont souvent imprécises, aléatoires, décevantes... Il faut donc les voir de près*, les prendre en main et donc avoir accès à ces pièces d'artisanat : nous savons que ce privilège est le fait d'un "happy few"... Inutile de rêver !

*Si on se contente de les voir, encore faut-il être parisien pour visiter la collection des miroirs au musée du Louvre, celle du Cabinet des Médailles à la BN, celle de Dutuit au Petit-Palais...

Il en existe quelques uns dans les musées de province français,  bien davantage à Londres, à Berlin, à New York, à Bruxelles mais les musées italiens offrent évidemment beaucoup plus  d'opportunités d'en rencontrer...

 

 

 

 

 

 

 Contentons-nous de consulter les ouvrages de base qui nous sont accessibles :

 

 

     Le recueil d'Edouard Gerhard, Klügmann et Körte : Etruskische Spiegel, Berlin (1843-1868) en 4 ou 5 volumes, recense déjà 900 pièces avec une description remarquable pour l'époque...(un peu dépassée aujourd'hui).

Roger Lambrechts:  

Etruscologue belge, grand spécialiste des miroirs étrusques, initiateur du  Corpus Etruscorum Speculorum (depuis 1981 et devenu projet international avec un complément de 25 fascicules...). Du même auteur, on lira aussi avec profit : Les miroirs étrusques et prénestins des Musées Royaux d'Art et d'Histoire de Bruxelles (1978).

Denise Rebuffat-Emmanuel :

Le miroir étrusque d'après la collection du Cabinet des Médailles (Ecole française de Rome (1973), 2 vol.) Lire aussi : Les deux faces des miroirs (Dossiers de l'archéologie n° 24, 1977)

Liste non exhaustive !

 

Comment étudier un miroir étrusque ? Quels renseignements sont souhaitables ?

  • numéro d'inventaire
  • datation
  • provenance
  • forme
  • dimensions
  • poids
  • inscriptions
  • particularité de la gravure
  • bibliographie

Il faut y ajouter l'observation des manches (leur profil aussi) et connaître la "grammaire", la terminologie adéquates pour commenter le miroir...

 

Montage inspiré de l'article de Denise Rebuffat "Les deux faces dans un miroir" Dossiers de l'archéologie , n°24, 1977.

 

Sachant que le verre sur les miroirs n'apparaîtra qu'à l'époque impériale chez les Romains, le miroir étrusque est un disque de bronze à deux faces : l'une est polie, réfléchissante, concave : c'est le droit.

L'autre peut être décorée, gravée au trait ou au burin, convexe : c'est le revers.

Le manche est relié au disque par un talon.

Deux sortes de manches :  à soie (protubérance sous le disque autrefois cachée par un manche) ou massif (d'une seule pièce). Ces deux sortes de manches permettent déjà une première classification d'un grand nombre de miroirs.

Le disque peut être rond (miroir solaire) ou allongé vers le bas (piriforme, en forme de poire...)

On connaît aussi des miroirs ronds à double boîte avec des reliefs sur le couvercle.

 

Pour autant, il n'est toujours pas possible d'établir aujourd'hui une typologie (classification) exhaustive des miroirs étrusques puisque le corpus reste ouvert en permanence, en constante évolution...

 

Quelques miroirs :

Bronze gravé de Calcas en haruspice au Musée du Vatican. Vulci. (Vè s. av. J.C.)

     Miroir célèbre montrant le mythique devin grec Calcas (inscription) chevelu et barbu observant le foie d'une victime (hépatoscopie) pour en tirer des présages. Son attitude est codifiée suivant l'etrusca disciplina...  Sur la table de sacrifice, reposent les viscères de l'animal : une trachée et des poumons. En bas, à gauche, une oenochoé à bec trilobé utilisée pour le sacrifice. Suivant l'iconographie étrusque,  Calcas porte des ailes pour signifier sa fonction d'intermédiaire entre la réalité terrienne (pied sur rocher) et la transcendance divine.  Guirlande florale sur le bandeau.

Miroir à soie en bronze gravé : L'Affliction de Pénélope. Vè s.av. J.C. Palestrina. Collection Dutuit. phot. D. Rebuffat.

 Le bandeau circulaire est orné d'une guirlande de feuilles (ou de coeurs) accolées.

Le médaillon montre une femme identifiée comme étant Pénélope : en grec > "canard sauvage"  (suivant la légende, elle aurait voulu se noyer après qu'on lui eut annoncé la mort d'Ulysse (déjà une fake news ! ) et aurait été sauvée par des canards...   Elle porte un diadème, une tunique et un manteau galonnés, un châle sur les épaules. Elle est assise sur un rocher, le buste de face, une main sous le menton et regarde un canard posé sur le rebord d'une corbeille en osier. Derrière elle on distingue une grande ciste à couvercle.

L'harmonie du décor provient de la variété de la technique de gravure alternant les courbes, les arrondis (très féminins) et la ponctuation en exergue. Certains traits sont cernés, accentués au burin.

Pour plus de détails :  https://www.persee.fr/doc/piot_1148-6023_1976_num_60_1_1553# 

 

A SUIVRE