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A la recherche des Etrusques...
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Les colons grecs de la Campanie

Les colons grecs de la Campanie

Situation de la Campanie

Situation de la Campanie

En Campanie

  Rappelons qu'au VIè s. av. J.C , c'est la région la plus méridionale de l'extension territoriale étrusque qui s'étend au nord de Naples et au sud, jusqu'au golfe de Policastro mais précisons qu'historiquement, les Grecs étaient là bien avant eux ; arrivés deux siècles plus tôt, ceux-ci essaimèrent dans toute l'Italie du sud à la recherche de riches terres fertiles exploitées déjà sans doute par les indigènes...(cf. Strabon, Geographica, IV, pour la description de la Campanie).

 Notons que toutes ces populations seront assimilées par les Romains au IIIè s. av JC. 

 Premières installations grecques

Les pionniers venaient de l'Ile d'Eubée (de Chalcis et d'Erétrie) Ils passèrent le détroit de Messine et remontèrent jusquà Ischia, l'île de Pithécusses, au large du cap Misène (vers 77o av. J.C. ). Ils pouvaient ainsi d'abord naviguer et commercer avec la côte où ils s'installèrent plus tard à Cumes ( leur plus ancienne ville coloniale) vers 750-730 av. J.C.. 

L'île n'est pas très grande (10 km sur 7) et culmine à 788m au mont Epomeo avec des mouillages faciles. Occupée depuis l'âge du bronze, les Eubéens y trouvèrent  surtout des indigènes et des Phéniciens.

 

Carte de la Campanie antique. CNRS, centre Jean-Bérard

 

L'île de Pithécusses : Les Eubéens arrivent...

L'île de Pithécusses

  Cette première implantation d'arrivants ou migrants grecs à hauteur des confins sud de l'Etrurie est significative : pourquoi ne pas remonter davantage ? Par peur des Etrusques qui avaient une réputation de pirates ? Quel accueil leur réserverait-on s'ils s'approchaient  plus au nord de la côte minière ? Ils se méfiaient à juste titre et s'en tinrent d'abord aux échanges avec les indigènes et les populations locales. Déjà, le prestigieux vin phénicien de l'île opposait sa réputation à celui des Etrusques et la prudence était de mise !

    Pithécusses devient un comptoir commercial, un établissement "protocolonial", une "APOIKIA" (la plus ancienne installation grecque en occident). Les marins grecs sillonnent les eaux de la mer Tyrrhénienne, échangent leurs produits avec les populations italiques indigènes et avec les Etrusques (qui ne parlent pas le grec !) mais se tiennent éloignés de leurs centres miniers qui pourtant les attirent ( le cuivre, le fer, le plomb, l'argent, à Volterra, Populonia, l'île d'Elbe, Vetulonia, Cerveteri...). Les Eubéens savaient travailler le fer ! Leur île d'origine possédait des mines de fer et de cuivre *... De leur côté, les Etrusques avaient déjà fait sporadiquement des tentatives de colonisation jusqu'au sud de la Campanie (fleuve Sele) avant de s'installer à Capoue...Nous y reviendrons.

* Sur l'attirance des Grecs pour les mines, les métaux...attirance devenue légendaire : cf. Paul MorandLewis et Irène, (grasset, 1924) p 59 :

    "-Que fait ici la Banque Apostolatos ?- demanda Lewis, comme s'il ignorait les patients efforts du groupe grec pour mettre la main sur les produits miniers méditerranéens. Il connaissait la réputation d'âpreté et de solidité de cette vieille maison qui datait de l'indépendance..."

L'archéologie de l'île.

     Elle est cruciale : elle a fourni les premières attestations d'écriture grecque en occident dans la seconde moitié du VIII è s. av. J.C. Il s'agit en fait de l'alphabet eubéen, variante archaïque de l'alphabet grec (VIIè-Vè s. av. J.C.) à consonnes phéniciennes que les Etrusques emprunteront et adapteront à leur phonétique. Rappelons que l'alphabet étrusque qui apparaît sur une tablette d'ivoire de Marsiliana vers 700 av. J.C. provient des Chalcidiens de Cumes...

    La pièce la plus importante du musée archéologique de Pithésusses à la Villa Arbusto montre un gobelet en terre cuite trouvé en 1954 et restauré par son découvreur allemand dans une tombe de jeune homme (Nécropole de San Montano) : la coupe dite "de Nestor" :

Kotyle (gobelet, coupe) dit "de Nestor" (725 av. J.C.) Photo du musée archéo. de Pithécusses. (H: 10 cm)

 

  La coupe est en terre cuite à motifs géométriques. Mais c'est surtout l'inscription ajoutée en graffiti après cuisson qui en fait son intérêt.

Inscription en grec eubéen de trois vers sur la panse...

   La traduction serait (approximativement) : " Je suis la coupe de Nestor, commode pour y boire : quiconque boira dans cette coupe sera aussitôt saisi du désir d'Aphrodite à la belle couronne" .  Est-ce le Nestor de l'Iliade ? A voir !

   L'écriture se lit de droite à gauche.

Pour plus ample information, cf. l'article de Jean-luc Lamboley dans Persée La coupe de Nestor. Etat de la question ...(.https://www.persee.fr/doc/gaia_1287-3349_2001_num_5_1_1360

 

    Ajoutons que les fouilles de la nécropole menées par Buchner à San Montano, au Mt Vico et à Mazzola en 1952 révélèrent une societé de marchands et d'artistes plutôt modestes (voir l'intéressante documentation du musée de la Villa Arbusto, avec de nombreux vases en terre cuite, des céramiques de table peintes en noir et des amphores à vin (Pithécusses<grec : pithoi = amphore).

    Cependant, pour se rendre compte de la richesse et de la variété de cet artisanat, il faut suivre les Eubéens à CUMES, en face, sur le continent...

A suivre donc...