Les bronzes de RIACE

Deux chefs-d'oeuvre de la toreutique grecque du Vè s. av. J.C. sortis de l'eau en 1972.

Il faudra 8 années de restauration pour retrouver les traits originaux de ce fascinant visage du siècle de Périclès...

Une perfection classique du style "sévère" mais d'un artisan anonyme : une source de conflits pour les experts !

Les bronzes de Riace (Ph. Emmet Bright, dans revue Connaissance des Arts, n°355, sept. 1981)

Riace (sud de la Calabre)

      Retrouvées fortuitement lors d'une plongée d'amateur en 1972 (à 300m de la côte, par 10 m de profondeur), deux sculptures de guerriers en bronze ont été sorties de l'eau.

      La découverte est fascinante et fera l'objet d'une patiente restauration par les services d'analyse des laboratoires du musée de Florence entre 1975 et 1980. 

Les deux oeuvres font depuis sensation au musée archéologique de Reggio de Calabre (près du détroit de Messine)

1981 :  A gauche, un extrait d'article paru dans Le Monde à propos de cette découverte...( retrouvé dans mes archives !). 

Il est amusant de constater que les deux "géants"sont datés ici du IVè et non du Vè s. av. J.C. !... Pas grave !

     A première vue, les deux statues se ressemblent; elles sont de haute taille (2m et 1,98 m) et ont la même position "a contrapposto" ( une jambe porte tout le poids du corps) ; les deux hommes sont nus, barbus, moustachus, au port athlétique. Des différences cependant : l'un porte un casque sur une nuque dégagée, l'autre porte un bandeau sur des cheveux longs et bouclés. Les experts précisent que le bronze qui les constitue est plus épais que le bronze romain; d'autres métaux ont été utilisés : du cuivre pour les lèvres et les mamelons, de l'argent pour les dents du guerrier au bandeau et les cils des deux ; de l'ivoire pour la cornée des yeux, de la pâte de verre et de l'ambre pour les iris...

Tous deux portaient un bouclier et une lance...

Mais d'où viennent-elles ?

Qui les a exécutées ?

     Découvertes sur les lieux d'un naufrage, les deux sculptures provenaient probablement d'Athènes et devaient être destinées à un commanditaire romain fortuné car le bronze est un matériau prestigieux. il fallait aussi un emplacement spacieux pour accueillir des pièces de si haute taille...Des textes anciens parlent de groupes monumentaux offerts à des sanctuaires (Olympie, Delphes) au Vè s. av. JC. ... Des offrandes, des ex-votos..., une prise de guerre, un butin ? (Ce ne sont que des hypothèses...)

    On pense évidemment au Zeus/Poséidon du cap d'Artémision, chef-d'oeuvre impressionnant lui aussi, victime d'un naufrage au nord de l'ile d'Eubée...

Même époque, même grande taille, même maîtrise technique des métaux,  mais son artisan est connu : CALAMIS, sculpteur athénien du Vè siècle...Retrouvé en 1928.

(photo Wikip. , Musée national archéologique d'Athènes)

       Les deux sculptures de Riace ne sont pas contemporaines et proviennent d'ateliers différents (d'après les analyses de l'argile utilisée) mais leurs créateurs restent anonymes.

 Plusieurs noms ont été avancés : Phidias, Polyclète, Myron, Pythagoras (de Grande Grèce).

 Plusieurs identifications : Ajax, un certain Tydée, fils d'Arès (guerrier au bandeau) et Amphiaraos, un prophète guerrier pour le guerrier casqué.... 

Aucune certitude donc ni sur les artisans de ces oeuvres géniales ni sur leur origine.

Contentons-nous d'aller les admirer en Grande Grèce, au musée de Reggio de Calabre.

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