Richesses de Tarente

Superbe travail d'orfèvrerie:

Décoration à bandes alternées : affrontements hommes-lions et motifs floraux sur fonds de granulation (Musée de Tarente)

Tarente (Taras), colonie commerçante très riche, fut fondée en 706 av. J.C. par des spartiates bannis qui restèrent néanmoins toujours en contact avec leur métropole. Sa prospérité et son rayonnement artistique dureront jusqu'au IIIè s. av. J.C. et perdureront malgré sa prise par les Romains en 272 et les incessantes attaques des indigènes iapyges et messapiens.

C'est à nouveau au Musée de Tarente (dans les Pouilles) où nous retournons pour admirer ce qu'on a appelé les "Ors de Tarente": des pièces d'exception, toutes époques confondues et d'une grande variété de domaines artistiques ; visite virtuelle du musée sur le site suivant :

https://www.youtube.com/watch?v=ZXRT3cOkkwY

PRESENTATION DE QUELQUES BIJOUX ET TRAVAIL D'ORFEVRERIE :

(Sélection forcément limitée vu l'abondance des pièces présentées par ce remarquable musée...)

Avant-bras en bronze avec bracelets en or à décor anguipède (musée de Tarente). A la verticale, h. 16,5 cm. Ce type de bracelets (serpents enroulés) se portait par paires à l'époque hellénistique et sera repris par les Romains. L'ensemble serait en fait un casse-noix ! (lat. nuxifrangibulum, de la fin du IVè s. av. J.C. trouvé en 1930 à Tarente)

Boucle d'oreille à navicelle en or, émail rose, rouge et bleu ( IVè s. av. J.C., haut. 6 cm)

Diadème en or à fermoir en "noeud d'Hercule"

Diadème tarentin en or du IIIè s. av. J.C. aux vertus magiques et symboliques, très en vogue à Tarente et en Campanie mais aussi chez les Celtes qui en empruntèrent la décoration (le noeud d'Hercule) pendant plus d'un siècle et demi ! (Photo: modèle italiote)

Détail du fermoir aux motifs particulièrement raffinés et d'une grande variété...

Ces motifs ornent le noeud d'Hercule, formé de 2 boucles opposées qui se croisent dessus dessous (sorte de noeud plat).

Il tenait la tunique de la mariée romaine que seul le marié dénouait ; Héraclès, suivant la légende, aurait eu 70 enfants et ce noeud était donc un présage de fécondité.

Un autre exemplaire tarentin sur un collier :

Collier tarentin (230-210 av. J.C.) orné du noeud d'Hercule. Altes Museum, Berlin

Un trésor n'est pas toujours en or mais peut plus communément être un objet à valeur documentaire...

Plaque en terre cuite à relief (pinax) provenant d'un dépôt votif dans un sanctuaire consacré à Perséphone ( Locri, ex-voto, Vè s. av. J.C.)

Sérénité, équilibre, élégance émanent de cette scène de vie quotidienne : jeune femme à péplos plissé rangeant son linge bien plié dans un grand coffre (kibotos) en bois sculpté ( pieds en pattes de lion, décor latéral de 2 métopes et triglyphe).

Cheveux ramenés en arrière dans un cecryphale ionien.

Objets suspendus : panier d'osier (calathos), miroir, lecythe, canthare à pied élevé.

Plaque restaurée portant des traces de peinture polychrome.

Deux trous de fixation pour accrochage dans l'enclos sacré de la divinité.

Une variante...

La précision des éléments décoratifs : mobilier, vêtement, ont un grand intérêt documentaire révélant la richesse d'un intérieur aristocratique de gynécée.

Les pinakes de Locri, courants au Vè s. av. J.C., aux caractères ionisants de la Grèce de l'est, ont été adaptés au style local.

Terre cuite polychrome (IVè s. av. J.C.) portant un diadème imité d'un original en or ( L. 6 cm).

Tête provenant d'une statue funéraire en ronde-bosse d'une défunte héroïsée ; le diadème symbolise sa classe aristocratique.

(Musée de Tarente, photo Mondadori.)

Boucle d'oreille en or de forme conique (H. 6,7 cm ; IVè-IIIè s. av. J.C.)

Figurine en terre cuite polychrome d'une femme élégante drapée dans son large himation pourpre , coiffée d'un bandeau de tissu et d'un diadème, symbole de sa noblesse...

(IIIè s. av. J.C. , Musée de Tarente)

Le torque de Lasgraïsses (Tarn) adaptation celtique d'une composition hellénistique de couronne florale en double torsade.

Détail d'un diadème tarentin de la tombe "des Ors" de Canosa (en Apulie) : pièce d'exception aux fins motifs végétaux réhaussés d'émaux multicolores (IIIè s. av. J.C.)

(Musée de Tarente, photo Mondadori)

Coffret en forme de coquille en argent doré au feu, composé de 3 pièces séparées : deux valves reliées par une charnière. Un emblème dans la partie supérieure : une néréide portée par un serpent monstrueux (ketos)

Documentation photographique et commentaires inspirés des articles de Claude Rolley et de Venceslas Kruta dans Archéologia n°220, janv. 1987 (Expo. musée Jacquemart-André : Les ors de Tarente).