Les libri rituales.

Tomba degli Auguri. 530-500 av. J.C. Tarquinia.

Ces deux parois de la tombe des Augures présentent une séquence où les trois personnages ont précisément une gestuelle rituelle caractéristique des prêtres étrusques; celui de droite, en particulier, un augure tenant le lituus (bâton recourbé, symbole de sa charge) qui arbitre une lutte entre deux athlètes.

Insistons sur l'importance du rite, du rituel, qui imprègnent toute la vie quotidienne des Etrusques et que les Romains reprendront en grande partie à leur compte mais avec moins de considération et de sérieux, en se contentant de les "nationaliser"

Les haruspices, les augures, avaient étudié de près les livres rituels, les "écrits révélés" et pouvaient dire et interpréter les volontés des dieux en déchiffrant toutes sortes de signes. Cette science divinatoire est vraiment une spécificité étrusque parce qu'elle précise une véritable attitude religieuse, une recherche des marques que le divin imprime dans l'univers où l'Etrusque vit. Cette conception du monde est si importante et si caractéristique qu'elle perdurera, survivra, alors même que l'Etrurie sera conquise par Rome. La vieille tradition des techniques divinatoires des haruspices trouvera sa place dans l'organisation religieuse nouvelle à laquelle elle se trouvera confrontée..."Etruria capta ferum victotem cepit"

Les livres rituels, les livres sacrés, les livres du destin.

Ils explorent une matière vaste et complexe.

Il s'agit d'un ensemble de prescriptions touchant la fondation des cités, la consécration des autels et des temples, l'inviolabilité des remparts, les lois relatives aux portes des villes, les divisions en tribus, curies et centuries,la constitution des armées, tout ce qui touche à la guerre et à la paix...Autant dire que tout, dans la vie publique et privée était régi par ces livres.

Ils comprenaient spécialement des livres achérontiques pour guider les morts dans les voies d'outre-tombe. Des libri fatales pour connaître les arrêts du destin avec toutes sortes de prodiges (ostenta) par lesquels se manifestaient les volontés cachées des dieux.

Par exemple, le rituel de la délimitation de l'espace ( la limitatio), utilisé par les augures observant le vol des oiseaux dans le ciel, leur nombre, leur direction, la couleur de leur plumage, leurs cris. L'augure délimite une portion de ciel à l'intérieur de laquelle il recueillait et interprétait les présages. Il tirera de son observation des auspices.​ Cette portion de ciel s'appelait le templum qui, par extension, a donné le mot temple (portion de terre consacrée correspondant à la portion du ciel). Ce temple aura aussi une architecture, une orientation...Mais le plus important, c'est de comprendre qu'il s'agit d'un rapport macrocosme-microcosme. Dans cet espace consacré du temple, l'homme est en rapport avec les dieux.

Les oiseaux d'Escher.

A suivre...