Vulci

21 Novembre 2017

Couronne de feuilles d'or. Vulci (350 av. J.C.) Musée grégorien étrusque, Rome.

Couronne de feuilles d'or. Vulci (350 av. J.C) Musée grégorien étrusque , Rome. Phot. Sailko, 2014.

C'est à VULCI, dans la nécropole de Camposcola que furent retrouvées ces deux couronnes d'or du IVè s. av. J.C. (feuilles de laurier et feuilles de chêne). Mais ce n'est qu'un aperçu furtif des chefs-d'oeuvre émanant de cette cité et de sa région !

VULCI (au sud de Vetulonia), grande cité étrusque sur la rive droite du fleuve Fiora, à environ 12 km de la côte, en pleine Maremme, province de Viterbe.

Vous souvenez-vous des fabuleuses découvertes de Lucien Bonaparte en 1828 ? (voir nos articles de fév. 2014)

Il fouillait sur ses terres de CANINO (octroyées par Pie VII)...Il pensait avoir trouvé l'emplacement du site de VETULONIA , cité proche de VULCI...Relisons son ouvrage sur les fouilles de 1828-1829..

.https://books.google.fr/books?id=ZmQGAAAAQAAJ&printsec=frontcover#v=onepage&q&f=false

C'est un peu long certes mais que de remarques intéressantes ! Malheureusement, ses relevés et ses recherches plus romantiques que scientifiques lui ont attiré par la suite les foudres des milieux archéologiques ! Pauvre Lucien...Il était pourtant chez lui et faisait ce qu'il voulait de ses découvertes ! (législation inexistante à l'époque...)

Après lui, les fouilles autour de Vulci se poursuivent plus méthodiquement à la fin du XIXè siècle grâce à Stéphane GSELL (1864-1932), archéologue subventionné par le très riche prince de Torlonia . Il fera consciencieusement l'inventaire de 138 tombes.

cf. Fouilles dans la nécropole de Vulci exécutées et publiées aux frais du prince de Torlonia, 1891 .http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6115834t/f22.item.zoom

Là encore nous glanerons une précieuse moisson de renseignements sur les méthodes de fouilles à l'époque.

Carte des lieux de fouilles de S. Gsell ,1889. (figurant dans l'ouvrage cité)

Trois endroits ont été fouillés :

Au nord, sur la rive droite de la FIORA, près du Ponte della Badia
Au confluent de la Badia et du Timone dans la région de Polledrara
Au nord du tombeau Cuccumella

A gauche, on aperçoit la liste verticale des tombes fouillées (impressionnante !)

Il faut se rappeler qu'à l'époque de ces fouilles (1889), Napoléon III avait déjà acquis(depuis 1862) une grande partie de la collection CAMPANA contenant bon nombre des splendides productions de Vulci, le Cabinet des Médailles avait accueilli la collection de vases donnée par le Baron de Caylus au XVIIIè siècle...Bref, nos musées français étaient déjà pourvus de nombreuses pièces en provenance de VULCI, l'Ecole française de Rome étant fort active sur ce territoire...

Pour les illustrations qui suivent : cf. L'art étrusque, Louvre éditions,2013.

Vulci. Casque villanovien (VIIIè s. av.J.C) en bronze, 40x23 cm, acquis en 1967 mais identique à celui de la coll. Campana. .

Cette amphore narrant des scènes de la légende d'Achille appartenait à la collection Lucien Bonaparte et fut acquise en 1858....

Amphore à figures noires (540-530 av. J.C.). Terre cuite, 38x27,5 cm. Peintre du Silène à Vulci.

Vulci. Brûle-parfum en bronze (Vè s. av. J.C) : Danseuse aux crotales, 43 cm.

Sur le sommet se trouvait une coupelle où l'on brûlait les substances odoriférantes...

Il existe de nombreux exemples de brûle-parfum de ce type offrant le même raffinement de forme et d'utilisation : la beauté au service du quotidien (pour les plus fortunés, évidemment !)

Admirons encore cette anse d'amphore en bronze :

Vulci. Anse d'amphore en bronze du Vè s. av. J.C. Collection Campana, 1862, Louvre.

Voyez le détail de la partie supérieure : deux paires de figures symétriques avec un triton barbu emportant un jeune homme nu vers le monde marin, symbole de l'au-delà...

Photos et commentaires inspirés de L'Art étrusque, Louvre éditions, 2013

La partie inférieure de l'anse montre deux cavaliers sur chevaux ailés, accolés de profil et reposant sur une large palmette (ailes des chevaux dressés et palmette en parfaite harmonie...)

Le vase appartenait sans doute au mobilier funéraire d'une riche tombe aristocratique de Vulci (?)

Epingle, boucles d'oreilles, fibules, bagues, anneaux et collier en provenance de Vulci (530-480). New-York, Metropolitan Museum.

Comme on peut le constater, il s'agit déjà d'objets d'art de grande qualité !

Une fois de plus, ce qui reste très gênant c'est de devoir s'en tenir à des hypothèses et d'ignorer dans quelles tombes se trouvaient ces objets, s'ils appartenaient au défunt, s'ils n'étaient que des dons ou contre-dons, des cadeaux "diplomatiques" de prestige, etc.

Il est vrai que les transactions, les tractations après la découverte de ces objets d'exception sont telles (ventes, vols, échanges, réquisitions officielles ou illégales, transports douteux, démarches mercantiles et imbroglio de relations entre fouilleurs, collectionneurs italiens et conservateurs de musées) qu'il est pratiquement impossible, pour certains d'entre eux, d'obtenir une authentique information à leur sujet.

Contentons-nous alors, dans le cadre de ce blog de les admirer en dehors de toute autre considération, vu qu'il est déjà bien beau de savoir qu'ils existent révélant ainsi le grand art étrusque vulcien, si étonnant dans sa diversité...

Dans Croquis Etrusques, D.H. LAWRENCE, visitant la région en 1927, parlait déjà de cette frustration...

A SUIVRE