Retrouvons quelques portraits découverts en terre étrusque et présentés d'une façon aléatoire au fil d'une recherche "coup de coeur" parmi différents supports d'art coroplastique, toreutique ou pictural.
Les informations sur les artisans créateurs souvent géniaux de ces oeuvres depuis le IVè s. av. J.C. restent lacunaires voire inexistantes mais celles-ci ont le mérite de perdurer et témoignent du talent des artistes de l'Antiquité.
Voyez par exemple ce stupéfiant portrait de femme qui surgit d'un fragment architectural produit en Campanie (entre le IVè et le IIIè s. av. J.C.)... Oui, il est stupéfiant de modernité, de réalisme et c'est sans doute cette chevelure fournie en belles ondulations, si parfaitement adaptée à la forme et à l'expression de bonhomie souriante du visage qui nous émeut par son naturel et sa simplicité...
Non, cette femme n'est pas spécialement belle mais elle est particulièrement EMOUVANTE.
C'est à Tuscania (Italie centrale, Latium), cité longtemps dépendante de Tarquinia qu'il faut aller pour admirer une incroyable collection de portraits très réalistes sur sarcophages en nenfro ou en argile; portraits de personnalités de grandes familles locales.
Dans sa robe plissée à taille haute (mode qu'adoptera le Ier Empire napoléonien), une femme d'un certain âge, souriante, à la coiffure élaborée et parée de tous les bijoux qui témoignent de son haut rang et de sa richesse semble heureuse de notre visite.
Appartenait-elle à la famille des Vipinana, des Curunas ou plus vraisemblablement des TREPTIE puisqu'elle figurait dans une tombe gentilice du même nom dans la nécropole de Pian di Mola ? Quoi qu'il en soit, elle reste anonyme pour l'heure... mais nous impressionne encore : d'ailleurs un visiteur italien du Musée de Tuscania l'a photographiée tout dernièrement ...( Franco Palazzi en sept. 2019)
Un constat : Elle n'a pas vieilli ! 😄
cf. https://www.tusciaup.com/la-tomba-dei-treptie-a-tuscania/98307
(Francesca Pontani, nov. 2021)
Remontant vers la Maremme toscane, le Musée Archéologique de Grosseto présente la statue en marbre d'une jolie jeune fille coiffée à la mode romanisée de l'époque.
Elle semblait sûre d'elle et devait avoir du caractère mais nous n'en saurons pas plus...
Demi sourire et sourcils accentués : beaucoup de charme pour ce portrait encore très réaliste.
Créateur inconnu
PORTRAIT DE JEUNE GARCON
Oeuvre étrusque du IIIè s. av. J.C., caractéristique de l'époque hellénistique (sous influence grecque) : réalisme, expressivité mais sérénité; l'autonomie du style est préservée.
Musée Arch. National de Florence
(Illust. Revue Hist. de l'Art, Alpha n°27)
Créateur inconnu
UN PSEUDO-BRUTUS
Tête d'une statue en pied (disparue) du Palais des Conservateurs à Rome (IIIè s. av. J.C.)
Les yeux sont en os, incrustés de verre.
Appellation due à la ressemblance avec l'effigie du consul romain Lucius Junius Brutus (fondateur de la République romaine) sur une monnaie plus récente (voir ci-dessous)
C'est une oeuvre étrusque de style tardif qui, par son réalisme hautement maîtrisé, pourrait déjà être romaine...
Créateur inconnu
LUCIUS JUNIUS BRUTUS (545-509 av. J.C.)
Sur ce denier romain en argent frappé en 55 av. J.C. le profil du personnage présente en effet une certaine ressemblance avec la tête en bronze vue de face ci-dessus..
AULUS METELL(I)US
C'est dans une petite commune de Vénétie, à Sanguinetto près de Vérone, que ce célèbre bronze aurait été découvert au XVIè siècle. Il est assez bien documenté (il ne manque que le nom ou l'atelier réalisateur).
Vous le connaissez mieux sous le nom de l'arringatore (l'orateur) : bras droit levé (pour demander le silence avant un discours (l'adlocutio). Un visage aux traits réguliers, front ridé, bouche serrée, menton volontaire, porté par un long cou. On distingue une tunique ajustée sous la toge courte (la tebenna étrusque) qui permet d'observer ses chaussures montantes à lanières entrecroisées. L'annulaire de sa main gauche porte un anneau à chaton, emblème de son haut rang (magistrat sénateur ou chevalier) qui peut servir de sceau.
Le personnage s'impose par son sérieux, sa dignité (il ne peut être que crédible...) et sa grande main d'Etrusque apaisante. Cependant notre intérêt se porte aussi sur la bande inférieure de sa toge : une inscription en étrusque :
L'écriture est soignée et lisible, en étrusque de la région de Chiusi et de Cortone
C'est donc cette inscription qui a rendu possible l'identification du personnage en question. La statue est une oeuvre commémorative pour Aulus Metellus, offerte en son honneur par une communauté, dans un sanctuaire de la région de Pérouse.
Il s'agit bien d'un Etrusque romanisé qui a acquis la citoyenneté romaine (par les Lex Julia et Calpurnia de 90 av. J.C.), un personnage de transition (une sorte de mutant ?) mais c'est une autre histoire...
Nous sommes loin d'avoir épuisé la présentation de portraits d'Etrusques avec ces deux articles et notre enquête reste ouverte ....
A BIENTOT !