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A la recherche des Etrusques...
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Autres peuples italiques : Falisques et Latins

Autres peuples italiques : Falisques et Latins

Les peuples italiques voisins des Etrusques et de leur expansion territoriale au sud de la péninsule

 

   Rappel

A la frontière septentrionale de l'Etrurie, nous avons présenté succinctement dans les précédents articles les peuples voisins et contemporains des Etrusques : 

  Les OMBRIENS, VENETES, RHETES, LIGURES et CELTO-LIGURES.

 

 Plus au sud et en redescendant vers le Latium  nous rencontrerons dans les articles qui suivent, d'abord les Falisques et les Latins.

   Que savons-nous d'eux, de leurs rapports avec les Etrusques, de leurs moeurs, de leurs productions artistiques ?

Les peuples voisins des Etrusques au sud-est (les Falisques, les Sabins, les Latins)

 

A PROPOS DES FALISQUES 

   Les Falisques, peuple voisin des Etrusques furent d'abord leurs alliés dès le VIIè s. av. J.C. puisqu'ils rejoindront la Ligue Etrusque et seront vite étrusquisés avant d'être comme eux romanisés (en 241 av. J.C.). 

  Leurs villes : Falerii Veteres, la capitale (aujourd'hui Civita Castellana), Capène, Sutri, Celle, Nepi, Campagnano., Narce, Feronia, Montarano, Colonnette

       Dans les années 50, Raymond Bloch a participé à des fouilles dans la région de Capène, à Sorrano; dans une fosse recouverte de blocs de pierre ont été trouvés des objets votifs représentant des parties du corps humain en terre cuite, des bases de statuettes, des modèles de bêtes de labour, des débris de vases campaniens mais surtout des inscriptions archaïques (d'avant 211 av. J.C.) en dédicaces à une déesse italique : FERONIA; celles-ci révélaient son culte et son sanctuaire depuis longtemps recherché : le Locus Feroniae.

Denier d'argent (époque d'Auguste) avec buste de profil de FERONIA . Phot Wikip.

       La déesse est couronnée d'un diadème,          vêtue d'un drapé et porte un collier.

    L'inscription : Tvrpillianvs III vir Feron

   "Turpillianus étant magistrat monétaire    à Feronia"

Tête figurée de la déesse FERONIA (IIè s. av. J.C.)

   Cette déesse Feronia n'est pas que falisque mais plus généralement italique car elle était honorée aussi bien par les Etrusques, les Ombriens, les Sabins, les Latins, les Volsques et plus tard les Romains. 

Elle protégeait les forêts, les cultures, les moissons, les malades,  les affranchis...d'où sa popularité dans toute l' Italie centrale.

Grand cratère falisque de la Villa Giulia (IVè s. av. J.C.)

     Imposant cratère falisque à volutes, un bel exemple de l'abondante production de vases en céramique à figures rouges fabriqués à Falerii durant le IVè s. av. j.C.

L'Aurore, montée sur un quadrige à chevaux blancs, tient le jeune Céphale entre ses bras...

  Il s'agit ici d'un vase de prestige qui devait servir dans les banquets ou de pièce décorative, nullement à usage domestique...
  On note l'influence évidente de l'imagerie attique du IVè s. av. J.C. qu'on retrouve en Italie centrale, en provenance de l'Italie du sud (de Tarente surtout) où sont installés les colons grecs.

 

Cratère à volutes en provenance d'Apulie, IVè s. av. J.C. (Scène au tombeau, défunt héroïsé)

  Par comparaison, ce grand cratère à volutes à figures rouges venant d'Apulie, très décoré, avec éléments en relief (IVè s. av. J.C.)

 Iconographie funéraire complexe, un peu trop chargée si on la compare à la relative sobriété de la production attique...

     Un autre cratère falisque de la même époque, à calice cette fois et du Musée du Louvre montre encore une scène mythologique avec Poséidon et Athéna sur fond de divinités...(photo de gauche)

     Les ateliers de Falerii, stimulés par l'arrivée d'artisans athéniens  fournissaient une céramique de grande qualité dont la réputation dépassait largement les frontières falisques et éclipsait évidemment les productions domestiques locales...

 

A droite, un cratère à calice de même époque, en provenance de Tanagra (Grèce) : Héraclès au jardin des Hespérides.

Ces formes de cratères (à volutes et à calice) à la mode étaient fort répandues et plaisaient à la clientèle italiote et étrusque.

    Cependant, les artisans locaux oeuvraient aussi et s'ils imitaient les Grecs, ils savaient interpréter les thèmes iconographiques imposés et gardaient un style caractéristique qui permet aujourd'hui de les reconnaître...Il nous suffit par exemple d'observer les pièces en terre cuite de temples de Faleries Veteres pour en prendre conscience :

   

    En haut, fragment d'acrotère central de temple

    En bas, tête de Zeus et torse d' Apollon 

    

 On pense à la décoration en terre cuite des temples A et B du         sanctuaire de Pyrgi ( CF. notre article :

      http://arossf.over-blog.com/2017/03/les-decorations-des-       temples-a-et-b-des-sanctuaires-de-pyrgi.html )

 

 

    Phot. Cités Etrusques, Elsevier Sequoia, 1975, p 281.

A PROPOS DES LATINS 

    Les Etrusques envahissent le Latium et s'y installent au VIIè s. av. J.C. Leurs rois fondent le site de Rome près du Tibre (Rumon, nom étrusque : la ville du fleuve); vivaient là des aborigènes dont les archéologues ont retrouvé des traces depuis le Xè s. av. J.C., puis les Latins, habitant des huttes en torchis avec enclos pour le bétail, installés surtout en hauteur sur le mont Palatin pour échapper aux miasmes des marécages porteurs de malaria. Ils gagneront ensuite les collines environnantes (les 7 collines). 

 

Reconstitution du Palatin au VIIIè s. av. J.C à partir des traces de cabanes latines

    La tradition et la légende donnent les dates de 753 av. J.C. pour la fondation de Rome et 575 av. J.C. pour la domination étrusque...Mais nous n'entrerons pas ici dans les débats galvaudés de la fondation de Rome avec la louve et les jumeaux Romulus et Rémus.

    Les Latins qui auraient eu pour roi Latinus et pour capitale LAVINIUM ont occupé le Latium, une région  d'Italie centrale, à l'ouest des Apennins. Une région aux origines complexes, longtemps méconnues où se mêlent mythes, légendes, traditions, histoire et dont le pôle d'attraction sera bientôt la ville de Rome, l'URBS, aux dépends de Lavinium dont l'importance portuaire faisait pourtant la puissance maritime du Latium.

Situation de LAVINIUM

    La Dame de Lavinium (voir photo ci-dessous)

       Provenant d'un dépôt situé aux environs du Sanctuaire oriental de       Lavinium riche en matériel de terre cuite et en statues votives, cette tête féminine   du IVè s. av. J.C. (voir ci-dessous) s'apparente à d'autres connues au Sanctuaire des treize   Autels  de  la même ville.

     Le niveau artistique est assez remarquable : les traits réguliers, de grands yeux à pupilles en petits cercles gravés, la bouche fine, le front large et dégagé, la coiffure très élaborée ...Les cheveux à raie médiane sont rassemblés sur la nuque par un bandeau qui entoure la tête. Des mèches ondulées et disposées symétriquement retombent sur les tempes et les joues, laissant les oreilles découvertes; celles-ci portent des boucles très raffinées : élément central hémisphérique entouré d'une pièce en forme de fer à cheval et achevé en bas par une série de petites perles...Ensemble et détails caractéristiques de la mode grecque et italique de cette époque (voir par exemple Velia, épouse d'Arnth Velcha sur la fresque étrusque de la Tombe dell'Orco à Tarquinia)

    

 

 

Tête de statue de Lavinium (19,5 X 14,5 cm) en argile sableuse. Superintendance archéol. du Latium

 

Velia, sur une fresque de la Tombe étrusque dell' Orco (IVè s. av. J.C.) à Tarquinia

Même mode (celle du IVè s. av. J.C), même raffinement, même profil grec, pour Velia de la Tombe étrusque dell'Orco.

La dame de Lavinium et Velia : deux exemples de représentations d'art classique évolué. 

On retrouve la même délicatesse de dessin, la même pureté de ligne sur les vases attiques contemporains.

A SUIVRE : les Sabins...